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Coton: Booster le secteur à tout prix

Si le cours de l’or a su profiter de la Covid-19 pour s’envoler, le coton, pour sa part, a vu sa cote chuter. Conséquence du confinement, l’or blanc ne se vendait plus bien sur le marché international. En 37 jours, le cours a perdu un tiers de sa valeur et se fixait autour de 49 cents de dollar la livre, début juin 2020. Selon les prévisions du vice-président du Comité de coopération internationale des associations cotonnières (CICCA), les prix pourraient encore baisser et s’établir à 40 cents, contre 70 au début de l’année.

 

Un cours en chute qui a mis une pause au commerce du coton. Coton qui pour la plupart était déjà vendu aux investisseurs et qui soit avait déjà embarqué pour l’Europe, soit stocké dans les entrepôts.

Les sociétés cotonnières sont contraintes de baisser le prix au producteur pour la prochaine campagne. C’est ainsi qu’au Burkina Faso, l’Association interprofessionnelle du coton (AICB), après moult retards, vient de fixer le prix d’achat plancher du coton graine. Et comme on s’y attendait, ce prix a été revu à la baisse. Il passe à 240 FCFA/kg pour le coton premier choix et à 215 FCFA/KG pour le coton deuxième choix. Ce prix est fixé en tenant compte des perspectives des cours du coton sur le marché mondial, des dispositions du règlement technique du Fonds de lissage et de la subvention de l’Etat de 10 F CFA le kg. « Le prix à la campagne précédente a été de 265 F CFA le kilogramme pour le coton premier choix », a indiqué le président de l’AICB, Bihoun Bambou.

Subvention en hausse pour la campagne à venir

Face à la baisse du prix d’achat, le gouvernement a pris des mesures pour la campagne à venir. Ainsi, pour la saison 2020-2021, l’Etat compte subventionner à 10FCFA le prix d’achat par kilogramme de coton graine contre 5 F CFA l’année antérieure. Les subventions pour les intrants agricoles destinés à la culture du coton restent inchangées. Les intrants seront vendus aux mêmes prix que l’année dernière.

Les prix ont été précisés dans le Conseil des ministres du 27 mai 2020. Pour les engrais et autres insecticides, ils ont été maintenus à leur niveau de la campagne précédente, grâce à un appui financier de l’Etat de 15,437 milliards F CFA. Ce qui donne comme suit : pour les semences coton conventionnel, les vêtues sont cédées, pour le crédit, à 806 F le sac de 30 kg, 1.080 F le sac de 40 kg et 1.209 F le sac de 45 kg. L’engrais composé NPKSB et l’engrais azoté urée sont cédés chacun à 14.000 F le sac de 50 kg. Pour les insecticides, c’est 3.800 F CFA pour le traitement par hectare à l’insecticide EC classique et 7.000 F CFA par hectare à l’insecticide EC de spécialité.

Il est attendu environ 550.000 mille tonnes de coton à la récolte prochaine, contre 466.000 tonnes produites la campagne écoulée.

Booster le secteur à tout prix

Avec cette subvention, l’Etat espère ne pas subir une baisse des surfaces réservées au coton. Les cotonculteurs, pourraient être tentés de se tourner vers des productions plus lucratives, au risque de provoquer, en cas de mauvaises récoltes, une nouvelle flambée des prix. Il faut noter que le secteur du coton a affronté des conditions climatiques difficiles entre mai et juin 2019. En plus de cela, il faut compter la situation d’insécurité qui prévaut à l’Est, dans la zone de base de la société cotonnière du Gourma (SOCOMA). Ainsi, les résultats physiques de la campagne 2019/2020 indiquent au total 578.803 ha emblavés, contre 646.446 ha pour la campagne 2018/2019.o

NK

 

Encadré:

Résilient malgré tout

La Covid-19 a été la plus grosse vague qu’a subie le secteur du coton depuis le début de la campagne 2019-2020. Entre insécurité, changements climatiques et mévente et/ou baisse du prix d’achat, le secteur a tenu bon. Selon l’AICB, le coton a connu une augmentation d’environ 5% de la production et des rendements de 18%. Dans les trois zones cotonnières (SOFITEX, SOCOMA, FASO COTON), la production a été évaluée à 458.726 tonnes de coton graine, avec un rendement moyen de 793 kg/ha, contre 435.323 tonnes de production au titre de la campagne précédente, avec un rendement moyen de 673 kg/ha. Pour le coton biologique et équitable, la production s’est établie à 1.388 tonnes, pour un total de superficies emblavées de 3.559 ha (en hausse de 31% par rapport à la campagne passée).

Autre bonne nouvelle, la filière renoue avec la hausse, après deux ans de contreperformance. D’après un communiqué du Conseil des ministres, la récolte d’or blanc a atteint 464.000 tonnes en 2019/2020, soit 6,4 % de plus que la production de 2018/2019 (436.000 tonnes). Ce léger rebond s’explique, selon l’Exécutif, par les mesures de relance prises en faveur de la filière durant la campagne écoulée. Selon Harouna Kaboré, le secteur du coton emploie environ 2 millions de personnes.o

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