En 2020, le Burkina Faso a fait preuve de résilience en matière de finances publiques.
Pourtant, l’année a été marquée par deux facteurs défavorables, dont la Covid-19 et les attaques terroristes. Malgré tout, la mobilisation des recettes et l’exécution des dépenses sont à un niveau satisfaisant.
Sur des prévisions de recettes révisées à 2.057,80 milliards FCFA, en fin 2020, la mobilisation des recettes budgétaires se chiffre à 2.053,56 milliards FCFA, soit un taux de recouvrement de 97,40% correspondant à une hausse de 7,75% par rapport à 2019. Ces statistiques ont été publiées dans le rapport sur la situation d’exécution du budget et de la trésorerie de l’Etat, exercice 2020 (février 2021). Les recettes budgétaires se composent des recettes ordinaires et des recettes extraordinaires.
Au titre des recettes ordinaires, sur des prévisions annuelles révisées de 1.722,83 milliards FCFA, le recouvrement s’établit à 1.751,95 milliards FCFA, soit un taux de recouvrement de 104,76%. Ces recettes ordinaires sont en baisse de 54,04 milliards FCFA par rapport à 2019 (1.805,99 milliards FCFA) mais le taux de réalisation est en hausse de 6,48 %.
Les recettes ordinaires se composent de 1.460,69 milliards FCFA de recettes fiscales recouvrées à 98,01 % et 291,26 milliards FCFA de recettes non fiscales recouvrées à 125,31 milliards FCFA.
Toutes les recettes ordinaires mobilisées ne profitent pas au budget de l’Etat. Des entités autres que l’Etat comme les collectivités territoriales, les différents Fonds, les comptes d’affection Trésor, les remboursements de crédits TVA, etc. bénéficient d’une partie de ces recettes. Ainsi, en 2020, un montant de 129,14 milliards FCFA a été affecté à ces entités, soit 7,37 % des recettes ordinaires mobilisées.
Les structures chargées du recouvrement des recettes ordinaires sont la Direction générale des Impôts (DGI), la Direction générale des Douanes (DGD) et la Direction générale du Trésor et de la Comptabilité publique (DGTCP).
Le recouvrement de l’ensemble des unités de la DGI se chiffre à 861,06 milliards FCFA, soit un taux de réalisation annuelle de 102,04 %.
Il en découle alors un dépassement de 13,61 milliards FCFA. La DGI a mobilisé près de la moitié des recettes ordinaires en 2020. Une analyse comparative à fin décembre fait ressortir une baisse du niveau des recettes mobilisées en 2020 d’une valeur absolue de 37,70 milliards FCFA. La DGD affiche au 31 décembre 2020, des réalisations de recettes de 611,30 milliards FCFA, soit un taux de réalisation de 92,94%. Ces réalisations représentent 33,06% des recouvrements cumulés de recettes ordinaires au 31 décembre 2020.
Les réalisations de la Direction générale du Trésor et de la Comptabilité publique en 2020 se chiffrent à 279,60 milliards FCFA, faisant ressortir un taux d’exécution de 126,37% au titre de l’année 2020. Entre 2019 et 2020, les recettes mobilisées par la DGTCP ont connu une baisse en volume de 43,48 milliards FCFA, soit un taux de régression de 13,46% essentiellement porté par les recettes non fiscales.
Au 31 décembre 2020, un montant de 301,61 milliards FCFA a été enregistré au titre des recettes extraordinaires, contre 167,33 milliards FCFA en 2019. On enregistre une hausse de 167,33 milliards FCFA entre les deux années, représentant une progression de 124,62%. Cette grande hausse des recettes extraordinaires a contribué à sauver le niveau de mobilisation des recettes budgétaires de l’année.
Deux raisons expliquent la hausse de ces recettes. Dans un premier temps, elle s’explique par l’accroissement des appuis des partenaires multilatéraux pour juguler les effets de la pandémie de Covid-19. Dans un second temps, cette performance se justifie par le respect des engagements des bailleurs bilatéraux qui ont décaissé 92,12% des promesses de financement et des bailleurs bilatéraux qui se sont exécutés à 90,10%.
Toutefois, l’appréciation des recettes extraordinaires est limitée par l’absence d’information sur les échéanciers de décaissement des bailleurs au titre des dons projets.
Elie KABORE
Encadré
Dépenses de personnel : hausse de 52,78 milliards FCFA
L’analyse de la situation de l’exécution des dépenses à fin décembre 2020 indique qu’elles ont été exécutées à hauteur de 2.424,89 milliards FCFA, correspondant à un taux d’ordonnancement de 95,74%.
Entre 2019 et 2020, le niveau d’exécution des dépenses s’inscrit en hausse de 56,11 milliards FCFA principalement imputable à la progression du niveau d’ordonnancement des dépenses du personnel (+52,78 milliards FCFA) et de la charge de la dette (+22,84 milliards FCFA). En effet, en fin 2020, les paiements effectifs relatifs à la prise en charge financière de la dette s’élèvent à 139,91 milliards FCFA pour une prévision ajustée de 113,38 milliards FCFA, soit un taux d’ordonnancement de 123,40%.
Quant aux dépenses de personnel, comparées à 2019, le volume a augmenté de 52,78 milliards FCFA, expliqué essentiellement par la répercussion de la prise en charge des mesures prises par le gouvernement avec les partenaires sociaux de 2016 à 2019, par les effectifs additionnels et la répercussion de l’incidence des arriérés liés aux engagements pris par le gouvernement avec les partenaires sociaux de 2016 à 2019 (opérationnalisation des reversements dans la loi 081, revalorisation salariale au profit des agents de la Police, de la Santé et du MENAPLN, des GSP…), par les promotions statutaires et les performances des agents en charge du traitement des salaires.. o