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Start-up: du baby-sitting moderne

• Une idée de Yasmine Pélagie Younga

• Des craintes bloquent la mise en œuvre

• Débuter avec les moyens de bord

Il est certain que les pouvoirs publics ne peuvent à eux seuls employer les personnes qui remplissent les conditions et qui souhaitent travailler. De même, le secteur privé n’a ni la vocation, ni les moyens de résorber drastiquement le taux de chômage. Face à cette réalité et au regard de la volonté qu’affichent des millions de personnes à travailler, l’entrepreneuriat semble une alternative crédible et une perspective à soutenir. Des jeunes burkinabè désireux de se réaliser développent des projets innovants et porteurs. En même temps que l’entrepreneuriat fascine du fait d’un certain nombre d’avantages, la mise en œuvre des projets  requiert certaines conditions que les plus jeunes ont du mal à remplir. La difficulté majeure est liée au financement, mais elle n’est pas exclusive.

Yasmine Pélagie Younga, jeune dame, mariée et mère de deux enfants, fait partie des personnes qui portent un projet entrepreneurial qui peine à voir le jour. Titulaire d’un Bac+2 en Droit privé et étudiante en marketing et commerce international, elle propose de faire du baby-sitting autrement.  Le baby-sitting est la garde de jeunes enfants par une personne, une baby-sitter. Cette dernière est une personne qui, moyennant rétribution, garde de jeunes enfants en l’absence de leurs parents.

Babysitting, nounou à la maison et assistanat à domicile sont des noms qu’elle attribue à son projet. Son idée est d’être nounou à la maison, chez elle. Son projet comme elle l’entend n’a rien à voir avec une crèche ou une garderie. Elle veut que les enfants qu’elle aura à prendre en charge se sentent comme chez eux dans son domicile, comme dans leur coquin familial. « Je ne veux pas de cadre formel avec des règles comme dans les écoles », soutient-elle. Elle ambitionne de créer un climat de confiance entre elle et les enfants. Les enfants doivent avoir un âge compris entre 6 mois et 7 ans.

Augmenter les revenus de son foyer

Les motifs qui ont conduit Yasmine à nourrir ce projet sont de plusieurs ordres. D’abord, elle souhaite, à travers l’exercice de cette activité, contribuer aux revenus de son foyer. A ce titre, elle mène déjà quelques activités lucratives comme la vente des épices, des habits et de la nourriture. Aussi, elle nous dit que son amour et sa proximité avec les enfants ne sont pas en reste. « Actuellement, j’ai mes deux enfants à prendre en charge et les enfants de mes voisins qui sont régulièrement chez moi. Je suis une mère poule, c’est d’ailleurs ce qui me pousse à mettre en œuvre ce projet », affirme-t-elle. De plus, selon l’entrepreneure, son projet vise à soulager les parents qui éprouvent énormément de difficultés. Pour Yasmine, ses cibles sont les jeunes couples qui veulent sortir se détendre, ceux qui veulent se rendre à des évènements sociaux et n’ont pas de personnes à qui confier, les pères et mères célibataires. « La majorité des gens intéressés par mes services et qui ont eu à me contacter préfèrent une garde nocturne de leurs enfants », a-t-elle fait comprendre.

Les freins

Ne sachant pas si la législation nationale est permissive en la matière, elle exprime une inquiétude qui la freine. Elle souhaite être éclairée sur le cadre légal pour mieux se pourvoir. Dans ce sens, elle assure avoir entrepris des démarches, afin de trouver une solution judicieuse. Jusque-là, elles n’ont pas permis de l’éclairer à suffisance.

En outre, elle estime que l’appréhension à juste titre légitime dans un contexte où le vol d’enfants est légion constitue une barrière à lever. Pour elle, ce projet est un concept nouveau pour les parents, car d’habitude, ces derniers prennent des personnes qui viennent chez eux à domicile. Pour cela, ils expriment une réticence qui peut, selon elle, être surmontée. Pour rassurer les parents, elle envisage d’établir des contrats dans ce sens pour définir les obligations réciproques.

Il y a également que les prix de ses services sont jugés coûteux. Pour une heure de garde, le parent devra débourser 1.000 FCFA, et 10.000 FCFA pour la journée. Yasmine Pélagie Younga avance que les prix sont sociaux. L’entretien des enfants est complexe, des jouets à payer, des livres à acheter, sans compter les impondérables comme blessures et maladies, leur alimentation, qui ont été pris en compte dans la définition du prix, soutient-elle.

Un autre facteur bloquant, certains préjugés. « Certaines personnes disent qu’au regard de mon niveau de langue, mon profil et les photos que je publie, elles me voient mal m’occuper des enfants », confie-t-elle. Yasmine pense que l’aspect financier ne pose pas de problème pour le moment. « Après avoir rendu publique cette idée de projet, mes impressions étaient très bonnes. J’ai reçu des soutiens auxquels je m’attendais. Plus tard, les éléments mentionnés plus haut m’ont freinée. Je puis dire aujourd’hui que mon projet verra le jour », révèle-t-elle.

A propos de la conciliation de son activité avec des activités ordinaires et sa vie de couple, l’entrepreneure n’y voit aucun handicap. Elle fait savoir qu’elle préviendra toujours en cas d’indisponibilité. Quant à son mari, ce dernier partage aussi l’inquiétude liée au cadre légal et n’aimerait pas que sa femme se retrouve dans les geôles du fait de l’exercice de métier, foi de Yasmine. Hormis cet aspect, il m’assure de son soutien et de ses engagements, déclare-t-elle.

R O (Collaborateur)

 

Encadré

« Débuter avec les moyens de bord »

«L’entrepreneuriat au Burkina Faso n’est pas une chose aisée pour les jeunes, notamment, pour les femmes. Certes, les finances font défaut quelquefois, mais l’élément chef demeure la persévérance. Commencer un projet et penser à être millionnaire demain c’est se flatter. Également, plutôt que d’attendre que tout soit rose avant de commencer, il faut savoir débuter avec les moyens de bord. Spécifiquement, l’entrepreneuriat est davantage complexe pour les femmes, surtout pour celles mariées. Même si ton mari est permissif, d’aucuns s’interrogent pourquoi ton mari te laisse faire. Sous nos tropiques, il y a un blocage psychologique. On se dit qu’une femme ne doit pas entreprendre, que dans le cadre de son travail, elle aura des contacts avec les sexes opposés. Malheureusement, on s’attend à des relations autres que professionnelles. Pourtant, ce n’est vraiment pas le cas », conseille Yasmine Pélagie Younga.

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