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Semaine de l’industrie burkinabè: on a allié « Défense nationale et développement industriel » à Bobo

• Pour une croissance économique durable

• L’investissement dans le secteur de la défense en débat

• Pour en faire un levier de développement économique

En marge de la 5e édition de la Semaine de l’industrie burkinabè (SIB) qui se tient à Bobo depuis le 20 au 22 novembre 2023, la Maison de la culture a accueilli un panel avec pour thème « Défense nationale et développement industriel », le mardi 21 novembre 2023.

L’auditoire a assisté à la mise en exergue de l’expérience des Forces armées nationales dans le développement industriel. (DR)

Ce panel a connu la participation d’une personnalité du monde de la défense, en la personne du Général de brigade Aimé Barthélémy Simporé, Directeur général du Centre national d’études stratégiques (CNES), qui a modéré les échanges. 4 panélistes, dont deux enseignants chercheurs, un Colonel-Major à la retraite, et un ancien DG du Développement industriel ont développé la thématique centrale qui s’est articulée sur la défense nationale et le développement industriel. Le premier panéliste, Dr Dah Ollo, enseignant-chercheur à l’Université Norbert Zongo, est revenu, dans la substance de son intervention, sur l’historique de la dépense militaire. Pour ce faire, il a invoqué plusieurs approches économiques qui, dans le temps, ont traité cette question. À l’en croire, la dépense militaire était perçue vers la fin de la guerre froide comme une défense improductive. Cette pensée, dit-il, était partagée par l’école néoclassique qui estimait que les dépenses de la sécurité se faisaient au dépend de la productivité, d’où la théorie de l’arbitrage entre le beurre et les armes. Mais très vite, un lien sera établi entre la dépense militaire et le développement économique. « Investir dans le secteur de la défense peut être un levier de développement économique, en ce sens que les industries militaires peuvent propulser le secteur économique ». Soutient le panéliste. Cela est défendu par l’approche keynésienne. Pour cette école, « un État proactif utilise les dépenses militaires comme un moyen d’augmenter la production par le biais d’effet multiplicateur, en présence d’une demande globale inefficace. Les dépenses militaires peuvent conduire à une utilisation accrue des capacités, à une augmentation des profits et donc à un accroissement des investissements et de la croissance ». À l’issue de l’historique, Dr Dah a évoqué le cas de certaines puissances actuelles qui se sont développées grâce à l’industrie militaire. Il s’agit, notamment, des USA, de la Russie, de la France….

La deuxième communication a été donnée par M. Sa Sylvanus Traoré, ancien Directeur général du Développement industriel, et Directeur général en exercice du Conseil burkinabè de l’anacarde, (CBA). Celui-ci, dans son intervention, est revenu sur l’historique du développement industriel au Burkina. Dans son analyse, le panéliste a évoqué le fait que le Burkina, avant les années 90, disposait d’industries dans bien des domaines. Mais avec l’arrivée des Programmes d’ajustement structurels, avec son corollaire de privatisation, le tissu industriel du pays s’est effrité. Le peu d’industries ayant survécu à cela, excepté certaines, peine à sortir la tête de l’eau. Toujours dans cette même lancée, les investissements qui étaient consacrés au secteur de la défense se sont vus décroître. Mais depuis 2014, avec la montée en puissance du terrorisme, la situation a commencé à se renverser, avec un effort accru d’investissement dans le domaine militaire. Mais loin d’être le cas des pays qui sont parvenus à se développer grâce à l’industrie militaire, les dépenses du Burkina sont orientées vers l’extérieur, car ne disposant pas d’industries militaires locales. Pour le panéliste, le Burkina gagnerait à créer des industries militaires locales, pour non seulement faire bénéficier le secteur de la défense, mais aussi pour faire accroître son économie de façon générale.

S’inscrivant dans la même dynamique que le précédent, le 3e panéliste, en la personne du Colonel- Major à la retraite, Zan Banagoune, est aussi revenu sur la nécessité de mettre en place des industries militaires. Mais d’entame, pour permettre à tous d’être sur le même niveau de compréhension, il a procédé à la définition de certains concepts, notamment, l’industrie de la défense et l’autonomie stratégique. Il a aussi mis en exergue l’expérience des Forces armées nationales dans le développement industriel, leur rôle dans la relance économique pour finir avec les industries à développer dans ce contexte de crise sécuritaire. Selon lui, le Burkina devrait investir dans l’industrie d’armement et de munitions, l’industrie textile, alimentaire, pharmaceutique et une usine de transformation et de montage de véhicules habités ou non habités, c’est-à-dire, les drones. Le 4e intervenant, le Pr Médar Kiénou, enseignant-chercheur à l’Université Nazi Boni, a montré l’importance de l’implication de l’armée dans la recherche technologique. Pour lui, « l’armée est construite pour suppléer aux défaillances de l’Etat ». L’armée a une part importante à jouer dans la fonction recherche et développement qui constitue un défi majeur pour nos États.  En effet, l’armée doit identifier les besoins techniques et mettre les chercheurs à contribution pour trouver des solutions qui seront bénéfiques à tous. Mais, afin de préserver sa souveraineté, il préconise que le pays finance lui-même sa fonction Recherche et Développement, surtout dans le domaine militaire. Tout comme ses prédécesseurs, il a aussi mis l’accent sur l’endogénéisation de l’industrie de la défense, notamment, en produisant certains produits et composantes en fonction des ressources locales, et le développement des start-up, notamment, dans les domaines en lien avec l’industrie de la défense.

IB (Collaborateur)

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