• Elle serait de 7% en 2025
• Le taux d’endettement baisserait
• Selon la note de cadrage macroéconomique de l’Union
«Les perspectives macroéconomiques de l’Union restent reluisantes, quoiqu’elles soient fortement tributaires de l’évolution de l’environnement international et régional ». C’est le point fait de la situation économique de l’Union, relayée dans la 5e édition de la « note de cadrage macroéconomique », publiée en octobre 2024. Ce périodique du département des Politiques économiques et de la Fiscalité intérieure (DPE) de la Commission de l’UEMOA analyse les perspectives macroéconomiques pour les 8 pays de l’UEMOA. La présente publication, 5e du genre, expose les résultats de cadrage macroéconomique 2024-2028 de l’Union élaborés par la Commission en septembre 2024.
Sur les perspectives, la note macroéconomique a produit 5 hypothèses de croissance. Celles-ci reposent sur : l’amélioration progressive de l’environnement international, avec la poursuite de la baisse de l’inflation et l’adoucissement des conditions financières mondiales ; l’apaisement des menaces sécuritaires, grâce à une meilleure coordination des actions de lutte contre le terrorisme dans la région ; la tenue globalement satisfaisante de la production agricole, soutenue par la mise en œuvre efficace des programmes et projets structurants nationaux et communautaires de développement du secteur ; le démarrage de la production pétrolière au Sénégal à partir de 2024 et celle gazière en 2025, ainsi que la mise en service effective du pipeline Niger-Bénin sur la période 2024-2028 et la conduite efficace des réformes dans le domaine des finances publiques et en matière de gestion de la dette publique dans les Etats membres soutenus, entre autres, par les programmes économiques et financiers (PEF) appuyés par le FMI : amélioration de la mobilisation des recettes, meilleure maîtrise des dépenses courantes, amélioration de l’efficacité des dépenses d’investissement, endettement prudent et mise en œuvre des mesures visant sa soutenabilité à moyen terme.
« Après un fléchissement en 2023, la croissance économique de l’Union trouverait ses niveaux d’avant crise de Covid-19 sur la période 2024-2028, quoique soumise à d’importants risques », affirment M. Gado, Directeur de la DPE, et son équipe, dans la note de cadrage macroéconomique.
Ainsi, sur le secteur réel, la croissance économique de l’Union ressortirait à 6,1% en 2024, contre 5,3% en 2023, en lien avec la bonne tenue de l’ensemble des secteurs d’activité, dont le secondaire, qui devrait se revigorer avec la production pétrolière au Niger et au Sénégal. La progression de l’activité économique de l’Union de l’année 2024 s’établirait ainsi à 0,9 Point de pourcentage (pp), en dessous des dernières prévisions de la Commission, au regard de la conjoncture internationale et régionale toujours difficile, bien que relativement meilleure que celle de fin 2023.
La contribution du secteur primaire à la croissance serait de 0,9 pp en 2024, après 0,5 pp en 2023, à la suite des résultats relativement bons de la campagne agricole au sein des Etats membres, et celle du secteur secondaire passerait de 1,2 point en 2023 à 1,8 pp en 2024, grâce à la vigueur de l’ensemble des branches. En ce qui concerne le secteur tertiaire (y compris les taxes nettes sur les produits), sa contribution baisserait à 3,4% en 2024, soutenue principalement par les activités des services marchands.
Toujours sur le secteur réel, les perspectives pour 2025 annoncent que la croissance économique serait de 7%, soit une révision à la hausse de 1,0 pp par rapport aux prévisions antérieures. Globalement, cette révision résulte de l’effet de décalage de la production pétrolière au Niger et au Sénégal, ainsi que l’accélération de certains grands projets d’investissement dans les Etats membres.
En effet, la production pétrolière dans ces 2 pays s’étendrait sur toute l’année civile et la situation sécuritaire devrait également connaître une amélioration, grâce à une meilleure coordination des actions régionales et à une reprise des activités dans les zones fortement touchées par le terrorisme en lien avec le retour progressif des populations déplacées.
Sur la période 2025-2028, la contribution du secteur primaire à la croissance de l’Union serait relativement stable, en raison de la forte incertitude sur la production agricole qui demeurerait irrégulière du fait des conséquences du dérèglement climatique. Pour ce qui est du secteur secondaire, il bénéficierait de la dynamique des branches « construction » et « activités extractives », avec la mise en œuvre efficace des projets structurants d’investissement public inscrits dans les Plans nationaux de développement. Quant au secteur tertiaire (y compris les taxes nettes sur les produits), il serait particulièrement vigoureux, grâce à l’ensemble de ses branches, notamment, le commerce et le transport.
Cependant, les principaux risques de dégradation des perspectives de l’Union sont assez élevés et liés à la possible détérioration de la situation sécuritaire et au retard éventuel dans la mise en œuvre des projets d’investissements publics. « Par ailleurs, au cours de la période 2024-2028, plusieurs Etats membres tiendraient des élections présidentielles avec des risques à ne pas exclure », note la DPE.
L’inflation est ressortie, en moyenne annuelle, à juin 2024, avec un taux de 3,1% au niveau régional. Dans les Etats membres de l’Union, par ordre décroissant, ces taux d’inflation sont de 8,3% au Niger, 3,9% en Côte d’Ivoire, 3,8% au Togo, 3,7% en Guinée-Bissau, 2,7% au Sénégal, 1,1% au Burkina Faso, 1,0% au Bénin et de 0,2% au Mali. Ainsi, la moitié des Etats a un taux d’inflation moyen supérieur à celui de l’Union. En somme, au niveau régional, l’inflation devrait se situer à 3,0%, au maximum, sur la période 2024-2028, grâce à la poursuite de la détente sur les prix des produits alimentaires mondiaux observée en 2023 et les effets des mesures de politique monétaire prises par la BCEAO.
Un déficit global en dessous de 3% du PIB
Sur le secteur des finances, la note de cadrage note que les efforts de consolidation devraient ramener le déficit budgétaire global en dessous de 3% du PIB à partir de 2027 et le taux d’endettement baisserait dès 2025.
Ainsi, le déficit budgétaire global de l’Union resterait au-dessus de son niveau d’avant la crise sanitaire de 2020, en lien avec l’augmentation des dépenses publiques indispensables au soutien des activités économiques et à l’accompagnement des populations vulnérables face aux multiples crises qui touchent la région, notamment, celles sécuritaire et inflationniste. Par ailleurs, le recouvrement des recettes continuerait de pâtir du contexte international et régional difficile.
Néanmoins, la mise en œuvre efficace des réformes, en particulier, celles conclues dans le cadre des programmes économiques et financiers avec le FMI, contribuerait à faire progresser les recettes fiscales de 15,2% en 2024, soit une pression fiscale de 14,9%, contre 14,2% en 2023, et, en moyenne, 15,9% sur la période 2025-2028. Pour ce qui est des dépenses publiques de l’Union, elles seraient en hausse de 7,2% en 2024, atteignant ainsi 22,7% du PIB, après 22,9% du PIB en 2023 et, en moyenne, 21,9% du PIB sur la période 2025-2028. Le déficit budgétaire global ressortirait à 4,8% du PIB en 2024, contre 5,2 en 2022, ensuite à 3,4% en 2025 et 3,1% en 2026 et respectivement à 2,8% et 2,7% en 2027 et 2028.
En 2024, le taux d’endettement de l’Union devrait augmenter de 3,6 pp par rapport à l’année précédente, ressortant à 62,7%, dans un contexte de coût élevé du financement, en relation avec la hausse observée des taux directeurs de la Banque centrale et des taux d’intérêt encore élevés dans les économies avancées.
ESS
Filet
Risques et recommandations de politiques économiques
Les crises récentes (sanitaire, inflation, climatique, géopolitique, sociopolitique, etc.) qui touchent l’Union depuis 2020 contribuent à fragiliser davantage l’activité économique des Etats membres, certains parmi lesdits Etats ayant fait face à des menaces sécuritaires avant ces crises. Bien que les économies fassent preuve d’une grande résilience, les risques d’essoufflement de l’activité économique demeurent élevés, du fait de l’accentuation des conséquences du dérèglement climatique et de la situation sécuritaire qui demeure inquiétante. De même, l’atteinte des objectifs en matière de finances publiques, notamment, la consolidation budgétaire et la maîtrise de la dette publique à moyen terme exigeraient l’accélération des réformes de modernisation des régies financières. Dès lors, les recommandations suivantes sont formulées à l’endroit des Etats membres :
- poursuivre la mutualisation des efforts face à la crise sécuritaire ;
- accélérer la mise en œuvre des réformes des finances publiques pour une meilleure mobilisation des recettes, notamment, l’élargissement de l’assiette fiscale, l’intensification de la lutte contre la fraude, l’évasion fiscale, la promotion de l’équité entre les contribuables et le civisme fiscal, la poursuite des efforts de rationalisation des dépenses fiscales et la maîtrise des dépenses courantes ;
- mettre en œuvre des politiques actives visant le renforcement de la productivité et de la compétitivité des économies, notamment, à travers des initiatives et investissements visant à saisir les opportunités offertes par l’économie numérique et l’économie verte ;
- veiller à une mise en œuvre efficace des Plans nationaux de développement, notamment, des programmes et projets de développement structurants porteurs de croissance, en impliquant fortement les entreprises privées nationales et régionales ;
- privilégier la recherche de financements concessionnels et innovants, en vue de garantir la soutenabilité des finances publiques et de la dette publique, ainsi que celle du service de la dette, dans un contexte marqué par un renchérissement des conditions de financement à l’échelle mondiale.
Filet
Les perspectives pour le Burkina Faso
• L’activité économique progresserait de 5,3% en 2025
• La dette publique devrait baisser sur la période 2025-2028
La note de cadrage macroéconomique inclut les perspectives de croissance par pays. Pour le cas du Burkina Faso, les perspectives 2024-2028 détaillées dans le rapport reposent sur les prévisions, notamment :
– Un apaisement des menaces terroristes, avec une récupération progressive de l’ensemble du territoire, à moyen terme, ainsi qu’un accompagnement et une réinstallation des populations déplacées internes et externes ;
– Une bonne conduite de la feuille de route de la Transition, avec un retour à l’ordre constitutionnel au cours de la période sous-revue ;
– Le renforcement de la production minière, avec l’entrée en production de nouvelles mines et la mise en exploitation de l’usine de raffinerie d’or ;
– La poursuite et l’accélération des grands projets d’investissement public, notamment, ceux de construction de nouveaux logements sociaux et de l’autoroute Yamoussoukro-Ouagadougou ;
– Et l’augmentation de la production d’électricité : construction de onze (11) nouvelles centrales solaires photovoltaïques d’une puissance cumulée de 532,8 MW et des centrales thermiques de 200 MW en Partenariat public-privé (PPP).
Les principaux résultats escomptés sur la base de ces hypothèses montrent que la croissance économique reprendrait, en 2024, avec un taux projeté à 4,2%, soutenue principalement par les activités du secteur secondaire hors industries extractives. A noter aussi que les perspectives de la meilleure campagne agricole soutiendraient la croissance. De même, l’activité économique bénéficierait de la mise en œuvre du Plan d’action pour la stabilisation et le développement (PA-SD) et de lutte contre la pauvreté qui est bâti autour de quatre piliers que sont : (i) lutter contre le terrorisme et restaurer l’intégrité territoriale ; (ii) répondre à la crise humanitaire, (iii) refonder l’Etat et améliorer la gouvernance et (iv) œuvrer à la réconciliation nationale et à la cohésion sociale.
L’activité économique progresserait ensuite de 5,3% en 2025, sous l’hypothèse d’une amélioration de l’environnement interne et externe. En moyenne sur la période 2026-2028, la croissance économique serait de 5,4%, portée par l’ensemble des secteurs. L’inflation continuerait à être en dessous de 3%, avec une moyenne de 1,3% sur la période 2024-2028. Du côté de la demande, la consommation finale (+6,7%, en moyenne) et l’investissement (+7,6%, en moyenne), soutenus par ses composantes aussi bien privées (+8,1%, en moyenne) que publiques (+6,6%, en moyenne) tireraient principalement la croissance.
Sur le secteur des finances publiques et de la dette publique, M. Gado et son équipe notent que le seuil de 3% de déficit budgétaire global rapporté au PIB ne devrait être atteint qu’à partir de 2027 et le taux d’endettement moyen s’établirait à 64,5% sur la période 2024- 2028.
Le contexte marqué par les importants besoins pour faire face aux menaces terroristes devrait peser sur la gestion des finances publiques, notamment, avec l’équipement des Forces de défense et de sécurité, ainsi que la prise en charge des personnes déplacées. Ainsi, les dépenses publiques ne devraient baisser que lentement, alors que la mobilisation des recettes des régies financières continuerait à se réaliser dans un environnement économique difficile. En somme, les recettes totales seraient de 21,9% du PIB en 2024, contre 21,7% du PIB en 2022, et ressortiraient, en moyenne, à 22,6% du PIB sur la période 2024 2028. S’agissant des dépenses, elles représenteraient 28,4% du PIB en 2023, contre 32,5% en 2022 et 26,6%, en moyenne, sur la période 2024-2028. Le déficit budgétaire ressortirait à 5,7% du PIB en 2024, contre 6,7% en 2023, puis à 5,0% en 2025, ensuite à 4,2% en 2026 et, respectivement, à 3% en 2027 et 2028.
La dette publique devrait augmenter en 2024, avant de commencer à baisser sur la période 2025-2028, passant de 63,7% du PIB en 2024, à 64,5% en 2025, puis 65,0% en 2026 et 64,9% et 62,2%, respectivement en 2027 et 2028.o
ESS
Encadré
Risques et recommandations
Les prévisions macroéconomiques du Burkina Faso sont sujettes à d’importants risques de correction à la baisse parmi lesquels :
– Une sortie plus longue que prévue de la crise sécuritaire ;
– Le non-respect de la feuille de route de la Transition, en particulier, le volet relatif au retour à l’ordre constitutionnel, qui pourrait déboucher sur des sanctions économiques et financières des institutions régionales à l’encontre du pays ;
– Et une faible production minière avec des retards, voire l’arrêt de l’exploitation des sites aurifères et de la mise en œuvre de l’usine de raffinage.
– Les autorités burkinabè devraient prendre les dispositions, en vue de poursuivre :
– les efforts visant à assurer un environnement sécuritaire propice au développement des activités économiques ;
– la mise en œuvre de la feuille de route de la Transition, conformément aux engagements pris vis-à-vis de la population et des partenaires ;
– et la sensibilisation envers les partenaires au développement sur le besoin de soutenir le pays dans certains secteurs, au regard des difficultés du moment.o
Source : NOTE DE CADRAGE MACROECONOMIQUE 2024-2028 DE L’UNION