
• Centre de gestion de plusieurs banques islamiques de la zone
• Une référence en full Shari’a (lois et principes islamiques)
• Plus de données et de marges par rapport aux autres
La BCEAO, Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest, est un établissement public international indépendant qui regroupe l’ensemble des huit (08) pays de l’espace UMOA (Union monétaire ouest-africaine), à savoir le Bénin, le Burkina Faso, la Cote d’Ivoire, la Guinée Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo. Elle est sous le contrôle de la Commission bancaire de l’UMOA, organe chargé de veiller à l’organisation et au contrôle des banques et établissements financiers. La BCEAO réalise, selon une périodicité mensuelle auprès des banques et des systèmes financiers décentralisés dans les pays de l’UMOA, une enquête sur les conditions débitrices et créditrices appliquées à la clientèle. Les indicateurs calculés à partir de cette enquête permettent, entre autres, d’apprécier l’impact des mesures de politique monétaire sur les conditions de banque et font l’objet de diffusion à travers le site Internet de la Banque centrale. Ainsi, dans un message du Gouverneur, Tiémoko Meyliet Koné, dans le rapport annuel 2021 de la BCEAO : « La Banque centrale a poursuivi ses actions visant la diversification des sources de financement des économies, en mettant l’accent sur la promotion de la finance islamique, à travers un accompagnement des initiatives de création d’institutions financières islamiques (IFI)….L’institut d’émission a, en outre, conduit des travaux pour doter les IFI d’outils de gouvernance sharaïques (basés sur les lois et principes de l’Islam) et de contrats-types, destinés à prévenir les risques liés à leur conformité aux normes en vigueur ».
L’entrée des institutions financières dans la zone UMOA
La pénétration de la finance islamique en Afrique de l’Ouest s’est effectuée au début des années 80, avec la création des banques (Masraf Faysal Al Islami) et de sociétés d’investissement dans trois (03) pays à majorité musulmane : le Sénégal, le Niger et la Guinée. L’implantation de la finance islamique dans l’espace UMOA ne date pas d’aujourd’hui. La première à faire le pas est la Banque islamique du Sénégal (BIS), en 1982, suivie de la Banque islamique du Niger, en 1983. Même si la part dans la zone reste encore marginale dans l’industrie de la finance islamique mondiale, un réel engouement des populations est constaté, ce qui amène les autorités de différents pays mais aussi de la Banque centrale à s’intéresser au système.
En 2012, un protocole d’accord a été signé entre la Banque islamique du développement (BID) et la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) pour l’élaboration d’un cadre règlementaire spécifique aux institutions qui désirent réaliser des opérations de finance islamique dans l’espace UMOA.
La finance islamique moderne s’est développée au cours de ces dernières décennies et suit son chemin positivement en Afrique. Les travaux conduits dans le cadre de ce système montrent que les institutions financières islamiques ne fonctionnent pas comme les institutions financières traditionnelles, et intéressées par la diminution des risques, celles-ci proposent de nombreux produits dont le fonctionnement est basé sur la Shari’a.
Etat des lieux de la finance islamique dans la zone UMOA
Selon le rapport de la BCEAO de janvier 2023 sur la situation du secteur de la finance islamique de l’UMOA à fin décembre 2022, le nombre d’IFI a connu une progression moyenne annuelle de 54,3%, avec l’agrément de quinze (15) nouvelles institutions depuis 2018. Le paysage financier islamique de l’UMOA est composé de dix-sept (17) institutions, à savoir neuf (9) entités exerçant à titre exclusif et 8 structures à travers une branche dédiée. En effet, dans le rapport annuel 2021 de la BCEAO, le Gouverneur affirmait : « Au 31 décembre 2021, les secteurs bancaires de la microfinance de l’Union font ressortir un total de neuf (09) banques et trois (03) SFD exerçant une activité de finance islamique ».
La BCEAO a poursuivi les actions de promotion de la finance islamique au cours de l’année 2023. En vue de faciliter l’accès à ce secteur, la BCEAO a opté pour un accompagnement des initiatives de création d’Institutions de finance islamique (IFI). A cet égard, 9 demandes d’agrément pour l’exercice de l’activité de finance islamique ont fait l’objet d’examen et les promoteurs de ces structures ont été invités à améliorer leurs dossiers. A ce jour, 18 autorisations d’exercice ont été octroyées, pour 2 banques exerçant exclusivement l’activité de finance islamique, 7 banques disposant d’une branche islamique, 8 institutions de microfinance (IMF) exclusivement islamiques et 1 IMF disposant d’une branche islamique. Trois agréments ont été délivrés, en 2023, à des institutions de microfinance islamique, installées, notamment, au Burkina, au Niger et au Sénégal.
Burkina Faso, cœur de la finance islamique de l’UMOA
Cette évolution denote de la volonté de la population à se tourner vers d’autres sources de financement. La plus grande partie de cette industrie se trouve au Niger. La répartition est faite ainsi : 07 au Niger, 04 au Sénégal, 03 au Burkina Faso, 01 au Mali, 01 au Bénin, 01 au Togo, 01 en Côte d’Ivoire et 00 en Guinée Bissau.
Bien que placé en troisième position selon le nombre, le Burkina Faso dispose d’un avantage particulier. Le pays est le cœur de gestion des 07 banques disposant d’une branche islamique : Coris Bank Baraka. Elle est présente dans tous les pays de la zone, à l’exception de la Guinée Bissau où elle est en étude de marché actuellement. Les grandes décisions, les visions et les politiques sont élaborées depuis le pays des Hommes intègres. A côté de ces banques, cohabitent deux microfinances, en l’occurrence Islamic Finance Group (IFG) et Microfinance islamique du Burkina (MICFIB). Par ailleurs, deux autres Systèmes financiers décentralisés (SFD), reconus comme microfinances classiques, Caisse Ligdi Baoré (CLB) et la Caisse Baitoul Maal, proposent quelques produits de finance islamique à leurs clients. Le pays dispose ainsi d’un grand nombre de données et de marges par rapport aux autres, il est la locomotive.
Abdourahim Souleymane TRAORE (Stagiaire)
Encadré
Créée en Afrique dans les années 60, la finance islamique moderne est aujourd’hui très faiblement représentée sur le continent. Selon le rapport annuel 2021 de l’Institut de la banque islamique de développement (ISDBI), en 2020, l’industrie financière islamique a augmenté de 10,7% pour atteindre 2 700 milliards de dollars américains. Dans cette vaste industrie, l’Afrique ne représente que 1,7%, avec 46,9 milliards de dollars américains.