Amnesty International Burkina Faso a organisé le 9 mai dernier un dîner de presse à Ouagadougou. Le but de cette rencontre était de présenter à la presse le contenu du Traité sur le commerce des armes (Tca) afin de l’impliquer dans la promotion et la protection des droits humains au Burkina Faso.
Le Burkina fait partie des premiers pays à avoir ratifié le Tca en juin 2013, s’engageant ainsi à soumettre ses importations d’armes au contrôle des organismes internationaux, aussi bien les armes civiles que militaires. Le Tca a été adopté afin de règlementer ce commerce et de limiter les dégâts occasionnés par les trafics illicites d’armes. En ratifiant le traité, le pays détermine sa volonté de lutter contre le trafic illicite des armes et contribue à la paix et la stabilité internationales et régionales. Il contribue également à la protection de sa population, car les statistiques du Réseau d’action sur les armes légères en Afrique de l’Ouest (Rasalao), en 2009, montrent qu’il y aurait plus de 2 millions d’armes illicites en circulation au Burkina Faso. 39% de ces armes passent illégalement par le Ghana.
Le Traité sur le commerce des armes permettra de soulager les populations et de protéger les femmes et les enfants, les plus grandes victimes en période de guerre, selon les responsables de Amnesty International. La volonté manifeste des pays africains d’avoir un traité de ce genre ne date pas d’hier, car conscient des dégâts que la violence cause sur le continent. Selon les statistiques, le coût de la violence s’élèverait à plus de 18 milliards de dollars en Afrique chaque année. Bien qu’apprécié par les organismes de défense des droits humains, le Tca n’est pas tout à fait exempt de failles. «Le Tca n’est pas une panacée. Certaines de ses dispositions sont faibles ou vagues, laissant une large marge d’interprétation aux Etats parties», affirme Amnesty International. Selon le Rasalao, le Tac ne règle pas clairement la question des munitions. Selon lui, il faudrait également un contrôle strict et un engagement total des Etats afin de veiller à la bonne marche du traité dans le monde. La volonté manifeste des organisations présentes au dîner de presse est la sensibilisation des Etats et des populations par la presse, car pour Amnesty International «la presse est le canal par lequel la sensibilisation à grande échelle doit être faite afin d’informer les populations de l’existence de ce traité et de rappeler aux Etats leurs engagements à le respecter et à protéger la population».
Ces dernières années, la circulation des armes dans le monde est inquiétante. Les différents rapports de «Small armssurvey» estimeraient à plus de 875 millions d’armes légères et de petit calibre en circulation dans le monde. 12 milliards de balles sont produites chaque année.Véritable business à travers le monde, le commerce des armes est en plein essor tant pour les pays fabricants d’armes que pour les trafiquants individuels. Selon les statistiques nationales américaines, en 2010, le montant des transferts internationaux des armes s’élevait à environ 72 milliards de dollars. Depuis, ce montant est revu à la hausse avec plus de 100 milliards de dollars par an. Plus de 1.000 entreprises d’armements sont reparties dans une centaine de pays à travers le monde. La violence armée tue environs 526.000 personnes chaque année et la plupart sont en dehors des zones de conflits. Inspiré de la convention de la Cedeao, le Tca a permis à certains pays africains n’ayant pas adhéré à la convention de se soumettre à certaines lois que l’on retrouve dans les deux documents.
Germaine BIRBA
Un traité très attendu
Le Tca est perçu comme un motif d’espoir. Depuis son adoption en 2013, les déclarations d’engagements des Etats à le mettre en œuvre ont fait boule de neige. Pour la première fois, les obligations universelles relatives aux droits de l’homme ont été prises en compte aux côtés d’autres normes internationales, afin de codifier les règles contraignantes visant à réglementer les transferts d’armes classiques. Le Tca est le premier traité fixant des normes mondiales pour règlementer le commerce international des armes classiques et des munitions. Il constitue une évolution au sein de la communauté internationale, en faveur de la modification de l’une des conditions structurelles qui rendent possibles les crimes relevant du droit international et les violations graves des droits humains. 156 pays ont été signataires de ce traité et plus d’une soixantaine l’ont ratifié.Mais il y a eu 3 abstentions que sont l’Iran, la Syrie et la Corée du Nord.
Cdp
Eddie Komboïgo, le nouveau visage du parti
Le président du Conseil d’administration de l’Asfa-Yenenga, l’un des clubs phares du football burkinabè, peut brandir son «trophée». Désormais premier militant de l’ex-plus grand parti du Burkina, le Congrès pour la démocratie et le progrès (Cdp), l’homme d’affaires, Eddie Constance Hyacinthe W. Komboïgo, est aux anges. Il n’y avait qu’à le voir courir au palais des Sports de Ouaga 2000, quelques secondes après la proclamation de son nom comme président du Cdp.
Un tour d’honneur, porté par ses supporters. Fier, mais humble dans son premier discours, surtout quand il évoque l’insurrection: «Nous en avons la responsabilité et nous l’assumons. Aux familles éplorées, nous leur présentons toutes nos condoléances les plus attristées, non pas parce que nous sommes coupables, mais parce que nous sommes co-coupables de la situation et nous l’assumons. Nous souhaitons prompt rétablissement à tous les blessés (….)», Eddie veut incarner un Cdp nouveau. «Cdp is back», a-t-il scandé. C’est un président averti de nombre de choses. Il sait où il met les pieds.
Associé gérant du Cabinet d’audit, de finances et d‘expertise comptable Komboïgo et associés (Cafec-Ka), Eddie était député à l’Assemblée nationale jusqu’à l’heure de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. A l’image d’autres anciens dignitaires du régime, il a subi les affres de la colère du peuple à travers sa résidence incendiée. Du haut de ses 51 années, l’élection de cet expert-comptable semble sonner le renouveau au Cdp. Les jeunes ont pris le pouvoir, dit-on. Natif de Yako, Eddie Komboïgo a récemment injecté 58 millions pour la construction de forages dans toutes les communes de son Passoré natal. Son jeune âge et le fait qu’il ne soit pas considéré comme un éléphant du parti seront peut-être des atouts pour relever les nombreux défis qui se dressent devant l’ex-parti majoritaire? Au regard de la donne actuelle, le Cdp n’avait-il d’autre choix que de miser sur la carte de la jeunesse? La touche de Eddie Komboïgo est attendue. Devant les défis immenses, le nouveau patron du Cdp lance : «Face aux défis actuels et futurs, bâtissons un Cdp en phase avec notre temps». En attendant de désigner le candidat du parti pour la présidentielle du 11 octobre 2015, Eddie Komboïgo devra, avec ses collaborateurs, déterminer la stratégie de reconquête du pouvoir perdu après l’insurrection populaire et donner une nouvelle impulsion au parti. La parenthèse Assimi Kouanda est définitivement fermée. La balle est désormais dans les pieds de Eddy Komboïgo.
AR