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Microfinance et développement socio-économique : Une équation réussie

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la-presseEn trois ans, l’ONG a accordé quelque 4.567 microcrédits et 2.629 prêts d’honneur et a accompagné 3.161 jeunes dans la création de leurs projets.
La transition démocratique, en Tunisie, a permis de focaliser davantage l’intérêt sur l’apport de la société civile dans la promotion du développement socio-économique et dans la lutte contre le chômage, la précarité et la disparité régionale. Les organisations non gouvernementales ont été enfin reconnues, non plus comme étant des mécanismes facultatifs mais plutôt en tant qu’alternative à même de compenser les innombrables défaillances des institutions gouvernementales et de puiser de la proximité et du bénévolat pour épauler les communautés les moins averties et les plus vulnérables à surmonter le cap de la marginalisation et de la discrimination régionale et sociale.
Taysir microfinance Sa et Taysir Conseil sont les fruits d’un projet mis en place, en 2014, suite à l’initiative d’un homme d’affaires tunisiens et de l’ONG française «Aide Internationale». Ces deux ONG mettent à la disposition des petits acteurs économiques, notamment les petits entrepreneurs, des moyens financiers et autres, d’accompagnement technique, nécessaires à la création de leurs projets et au développement de leurs régions respectives.
Il s’agit, en effet, de venir en aide aux personnes qui ont du mal – faute de formation professionnelle et de maîtrise des abc de l’entrepreneuriat – afin qu’ils puissent intégrer la vie active, réaliser leurs rêves, gagner en autonomie et contribuer à la dynamique socio-économique de leurs régions.

Redonner de l’espoir à ceux qui l’ont perdu
Implantées dans six régions jugées prioritaires, soit en raison du déficit de développement, à savoir le Kef, Siliana, Beni Khalled et Kairouan, soit en raison de l’importante population précaire, installée dans les

Anis est une marchande ambulante de la région de Beni Khaled. Grâce au micro-crédit et à la formation, elle a appris à bien gérer son chepte. (Ph.: Taysir)
Anis est une marchande ambulante de la région de Beni Khaled. Grâce au micro-crédit et à la formation, elle a appris à bien gérer son chepte. (Ph.: Taysir)

quartiers défavorisés du gouvernorat de Tunis et celui de Ben Arous, Taysir s’active depuis sa création à substituer la disparité régionale et de développement par des opportunités nouvelles, rentables et applicables, tout en veillant sur la valorisation du savoir-faire typique à chaque région.
Aussi, use-t-elle d’une discrimination positive en faveur de trois catégories de bénéficiaires-cibles : les jeunes âgés de moins de 35 ans et qui ont du mal à accéder à la vie professionnelle faute de moyens ou de CV hors paire, les femmes qui veillent sur l’harmonie familiale et sur la sécurité alimentaire de leurs ménages et qui, travailleuses et appliquées, gagnent la confiance des sources de financement, et enfin la population vivant dans les zones rurales; des zones qui manquent dans la majorité des cas des facteurs élémentaires à une vie digne, notamment l’eau potable, l’électricité, l’infrastructure de base et tout ce qui est susceptible de garantir les besoins rudimentaires d’une communauté.
Les résultats de trois ans d’activisme
Des pas considérables ont été franchis depuis trois ans, au profit d’une population qui ne demande qu’un

Avec plus de 25 ans d’expérience, Habiba Soufi a développé son magasin et entend acquérir une nouvelle machine pour sa boulangerie . (Ph.: Urs Jaudas, Tages-Anzeiger)
Avec plus de 25 ans d’expérience, Habiba Soufi a développé son magasin et entend acquérir une nouvelle machine pour sa boulangerie . (Ph.: Urs Jaudas, Tages-Anzeiger)

coup de pouce pour mettre le pied à l’étrier.
Selon les données fournies par Taysir et arrêtées le 30 avril 2016, quelque 4.567 microcrédits et 2.629 prêts d’honneur ont été octroyés. Ces derniers représentent des crédits complémentaires dont le taux d’intérêt est nul. Outre ses prestations financières, elle a réussi à accompagner quelque 3.161 futurs entrepreneurs. Notons que 53% des bénéficiaires de ces services appartiennent à la gent féminine. Par ailleurs, 46% des clients de Taysir sont des jeunes âgés de moins de 35 ans. Quant à la population rurale, elle représente 47% des prospects.
Parallèlement, et en vue de mieux lutter contre le chômage tout en répondant aux exigences du marché de l’emploi et d’acclimater l’implantation des nouveaux projets aux ressources naturelles spécifiques aux régions prioritaires, Taysir s’engage dans l’amélioration de la production locale de certains produits alimentaires à forte valeur ajoutée. Les filières laitière et apicole font l’objet deux projets: le projet «Hlibna» et le projet «Asalna».

«Notre lait», au cœur des priorités
Le premier a vu le jour il y a deux ans. Il vise la promotion de la production laitière et l’amélioration de l’exploitation des ressources naturelles et environnementales. C’est en offrant aux petits éleveurs laitiers, installés au Kef, à Sidi Thabet, à Menzel Temim, à Boumhal et à Jendouba, l’opportunité d’être financés et accompagnés dans leurs projets et en facilitant la collaboration entre ces éleveurs et les grandes sociétés agro-alimentaires que l’ONG aspire à booster ce créneau aux retombées aussi bien économiques, que sociales et environnementales. Les indicateurs relatifs à deux ans de travail dans ce sens s’avèrent notables : 800 éleveurs ont été encadrés par une équipe pluridisciplinaire.
Quelque 200 génisses ont été accordées via 110 crédits et un fonds de garantie. Sur le plan technique, cinq mini-réservoirs et six centres de collecte de lait conventionné ont été installés dans les régions précitées.

Jendouba : un site apicole
Le deuxième projet est destiné essentiellement à la population du gouvernorat de Jendouba. Il tend à contribuer à l’insertion des jeunes de la région dans le processus économique via l’encouragement au développement de la filière apicole. Ce projet a permis, en une année, de faire renaître l’espoir auprès de 400 jeunes, dont des chômeurs, des petits apiculteurs en difficultés, des femmes et des personnes en situation de handicap.

Recyclage: une filière, des perspectives
Outre ces deux projets à caractère agricole, Taysir s’engage dans la promotion des projets socio-environnementaux. Elle a créé, en partenariat avec la coopération allemande (GIZ), un projet qu’elle a baptisé «Rascalni». L’idée étant d’encourager les jeunes à intégrer la filière de la collecte et de la valorisation des déchets recyclables. Encore faut-il rappeler que la collecte des déchets recyclables, notamment les emballages en plastique et les canettes métalliques, constitue le gagne-pain unique, sinon supplémentaire, de bon nombre de Tunisiens nécessiteux, habitants les quartiers défavorisés et les zones rurales. Ainsi, l’ONG a choisi de destiner ce projet au profit des jeunes issus essentiellement des régions de Tunis, Ben Arous, Beni Khalled et Kairouan.
Des jeunes qui représentent 72% des bénéficiaires dudit projet. Taysir a livré 40 crédits d’une valeur globale de 115 mille dinars ainsi que 40 primes d’une valeur globale de 60 mille dinars, soit 1.600 dinars par client. o

Dorra BEN SALEM

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