C’est en quelque sorte un défi qui a été relevé à la fois par les autorités en charge de l’activité économique et par le monde des affaires. L’élection des membres de l’Assemblée consulaire à la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina (CCI-BF) a pu se tenir à la date prévue du 13 novembre 2016. Presque 2 ans après la dissolution de la précédente Assemblée consulaire. Le pari n’était pas gagné à l’avance. La dissolution des organes élus, il y a deux ans, est intervenue dans le sillage de l’insurrection populaire de fin octobre 2014. La volonté qui a prévalu visait à «mettre fin à la confiscation de l’institution par un clan et à ouvrir sa gestion à la transparence ». Il fallait engager un renouveau.
Les échéances de l’élection initialement prévue à la fin du premier semestre de l’année 2015 ont été reportées plusieurs fois depuis la dissolution des instances élues de la CCI-BF en décembre 2014. Par la suite, l’absence d’unanimité sur les nouveaux textes statutaires et sur le découpage électoral a créé une tension qui menaçait la tenue des élections à la date prévue. Certains frondeurs s’étaient clairement affichés contre la tenue des élections suivant le nouveau format obtenu à la suite du processus de relecture des textes.
C’est donc avec une sérénité quelque peu troublée que la commission d’organisation des élections, chapeautée par le ministère en charge de l’Industrie et du Commerce, a conduit le processus électoral là où il est arrivé aujourd’hui. La première phase des élections qui concerne les membres de l’Assemblée consulaire a été réalisée. Le scrutin s’est déroulé sur toute l’étendue du territoire. Il y avait au total 61 bureaux de vote.
Les résultats de l’élection ont été proclamés par la commission d’organisation le 16 novembre dernier. Sur 151 sièges à pourvoir pour l’Assemblée consulaire, 148 ont été pourvus; certains postes n’ayant pas totalement ou suffisamment enregistré de candidatures à cause de l’invalidation de certaines candidatures.
Pour les postes des 39 délégués régionaux, c’est finalement 19 qui ont été pourvus pour les mêmes raisons évoquées au niveau de l’Assemblée consulaire.
Sur un total de 11.408 électeurs inscrits sur la liste électorale, il y a eu en tout 9.524 qui sont allés effectuer leur choix dans les urnes. Ce qui porte le taux de participation à 83,49%. C’est un record parce que bien avant ce scrutin, le meilleur taux de participation était celui de 2013. Lors de l’élection du 21 juillet 2013, le taux de participation a été de 79%, avec un total de 3.920 inscrits en droit de voter. C’est dire donc que pour la présente élection, il y a eu plus mobilisation des opérateurs économiques inscrits sur la liste électorale et le jour du vote.
Pour les résultats par sous-région électorale et par sous-catégorie, les élus sont plus ou moins ceux que nous avions annoncés dans nos analyses concernant ces élections. A l’exception de Safiatou Zongo/Lopez qui n’a pas réussi à se faire élire dans la sous-catégorie « Petites entreprises du BTP » dans la Centre, on retrouve presque tous les candidats possibles ou déclarés, à la présidence de la CCI-BF.
Il s’agit notamment d’Apollinaire Compaoré, patron de Telecel, vainqueur dans la sous-catégorie « Télécommunications », de Mahamadi Sawadogo dit Kadhafi (PETROFA) et de Mohamed P. Sogli (SOPAM) qui sont les deux élus de la sous-catégorie « Commerce de gros » dans le Centre. Toujours au Centre, dans la sous-catégorie « Banques et Etablissements financiers », les 3 sièges candidats sont élus, sans surprise, dans les postes disponibles. Ce sont : Idrissa Nassa (Coris Bank), Doudou Sekou Oumar Doumbia (SGBB) et Abdel Mumin Zampalegré (BOA).
Dans la région des Hauts-Bassins, Lassiné Diawara (MABUCIG) et Alexandre Zanna (SN CITEC), seuls candidats dans la sous-catégorie « Grandes industries agro-alimentaires », sont élus dans les deux postes disponibles.
Un autre candidat déclaré à la présidence de la CCI-BF, Adama Ouédraogo, promoteur de l’Hôtel Palm Beach, est élu au Centre dans la sous-catégorie «Hôtels et restaurants ».
La validation des élus à l’Assemblée consulaire fera place à l’élection du bureau consulaire ainsi que du président et des vice-présidents. En suivant le calendrier relatif au processus électoral, ces ultimes échéances devraient intervenir avant la fin de ce mois de novembre.
Karim GADIAGA
A propos du candidat au poste de président
Pour ce qui concerne les candidats aux différents postes de responsabilité, notamment le président de l’institution, les nouveaux statuts ont plafonné l’âge du président à 70 ans. C’est une condition plus sévère que dans le cas du candidat à la présidence Faso qui peut avoir 75 ans. Le mandat du président de la CCI-BF est aussi limité à 5 ans, renouvelable une seule fois. Toutes ces restrictions constituent des grandes réformes par rapport à la situation antérieure où il n’y avait aucune restriction pour les candidats. Oumarou Kanazoé a été président à vie.
Avec les nouvelles disposition, tout candidat au poste de président devrait présenter son programme de mandature et devrait battre campagne pour se faire élire et non être coopté. L’élection se fera à bulletin secret. Par ailleurs, le cumul de mandats n’est plus autorisé. Quant au DG de la CCI-BF, il sera désormais recruté à la suite d’un appel à candidatures.