En principe, c’est ce lundi 30 janvier 2017 que s’ouvre le 28e sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba en Ethiopie. En marge de ce sommet, le Maroc a entamé un ballet diplomatique. Ainsi, le Burkina, qui soutient le retour du royaume Chérifien au sein de l’UA, a reçu la visite du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération du royaume du Maroc, Salah Eddine Mezzouar.
Celui-ci s’est entretenu le 24 janvier dernier avec le président Roch Kaboré. L’émissaire du Roi est venu faire le point du processus qui a été mené jusqu’à maintenant. «Toutes les formalités ont été remplies depuis le dépôt de la demande jusqu’à la ratification», a-t-il expliqué aux micros de nos confrères. Ainsi, l’on apprend que c’est le 23 janvier dernier que le Maroc a déposé les instruments de ratification de l’Acte constitutif. Cependant, l’objectif principal de cette visite était de porter un message verbal du Roi Mohammed VI au président Kaboré. Un message qui a été transmis à plusieurs chefs d’Etat africains pour les informer de l’état d’avancement du processus d’adhésion du Maroc à l’UA. Cette missive a été transmise en marge des travaux préparatoires au sommet. En effet, les ministres des Affaires étrangères qui composent le conseil exécutif de l’UA se sont réunis le 25 janvier dernier pour trois jours de travaux. L’adhésion du Maroc a d’ores et déjà fait l’objet d’échanges. Cependant, l’adhésion proprement dite sera prononcée probablement ce lundi 30 janvier par les chefs d’Etat ou leurs représentants.
Notons que pour revenir au sein de l’UA, le Maroc a obtenu au moins 43 voix, alors que seules 28 voix sont exigées par l’Acte constitutif de l’UA.
Cette visite au Burkina constitue l’une des étapes de la dernière tournée de préparation de l’ambassadeur Mezzouar qui l’a conduit, selon les informations publiées par les médias locaux, à Dakar et à Abidjan.
Au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, ainsi que dans les autres pays africains visités au pas de charge (deux à trois pays par jour), il a transmis chaque fois le message verbal du Roi Mohammed VI aux chefs d’Etat de ces pays. Le chef de la diplomatie marocaine s’est voulu explicite: «C’était l’occasion d’évoquer la question de l’intégration du Royaume du Maroc au sein de sa famille institutionnelle qui est l’Union africaine, prévue pour cette semaine, lors du 28e Sommet. J’ai informé Son Excellence [NDLR: le président Roch Marc Christian Kaboré] du processus qui a été mené jusqu’à aujourd’hui. Toutes les formalités ont été accomplies, depuis le dépôt du dossier jusqu’à sa ratification par le Parlement, sans condition, sans réserve, mais aussi le dépôt depuis hier des instruments d’adhésion auprès de la Commission. Nous avons naturellement insisté sur le fait que le Maroc, ce pays fondateur de l’Organisation de l’Unité africaine, qui a toujours été aux côtés des mouvements de libération de l’Afrique, des pays africains et des populations africaines, ne compte pas continuer son combat différemment», a-t-il déclaré au micro de la RTB.
NK
32 ans d’absence
C’était lors du 20e sommet de l’Union africaine, OUA à l’époque, le 12 novembre 1984 que s’est fait le retrait du Maroc. Juste après l’admission de la République arabe sahraouie démocratique (RASD). «Voilà, et je le déplore, l’heure de nous séparer. En attendant des jours plus sages, nous vous disons adieu et nous vous souhaitons bonne chance avec votre nouveau partenaire», avait fait savoir le conseiller royal de l’époque, Ahmed Reda Guedira, en lecture d’un message de Hassan II. «Feu Hassan II était d’abord un juriste. Comment pouvait-on admettre, en violation des lois de l’UA, un pseudo-Etat qui n’avait même pas de territoire dans cette organisation? Pour des raisons politiques, il n’était plus possible pour le Maroc d’y rester. Il n’y avait plus aucune raison d’être autour de la table», souligne Jawad Kerdoudi, président de l’Institut marocain des relations internationales (IMRI).
Après 32 ans d’absence, le Maroc avait fait part, en juillet dernier, de sa volonté de retrouver sa place dans l’organisation africaine. La demande d’adhésion a été officiellement présentée en septembre dernier, à New York, à la présidente de la commission de l’UA.