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Transport et surcharge: la parade des propriétaires de camions

Les transporteurs de marchandises sur nos corridors  ont du talent. Ils ont trouvé le moyen de contourner la loi en transportant plus de fret. A l’arrivée, il y a les gagnants que sont les propriétaires des marchandises et les perdants que sont les transitaires, les chauffeurs et le Trésor public, avec la dégradation rapide des voies.

En circulation, ils ne passent pas inaperçus ces nouveaux éléphants de la route. Ces camions « hors normes » sont impressionnants par leur longueur  et par la charge qu’ils transportent, mais également par la difficulté qu’ils ont à manœuvrer sur les routes. A Dakola, le 20 janvier dernier,  certains chauffeurs ont été prolixes sur ce phénomène. M. Compaoré  est furieux, mais impuissant face au phénomène  qu’eux chauffeurs sont obligés de subir : «  Les surcharges nous dépassent et nous n’avons pas la solution. Le véhicule ne nous appartient pas, encore moins les marchandises. Cela occasionne des dégâts sur les véhicules mêmes. Il faut donc diminuer les surcharges. C’est un élément d’insécurité ». Cette transformation des camions n’annule pas les surcharges, bien au contraire. Mais du côté des chauffeurs, un autre facteur est dénoncé. Ils mettent plus de temps à remonter les véhicules, d’après le groupe de transporteurs qui nous a servi d’interlocuteur à Dakola : « Pour un trajet de trois jours, on fait plus d’une semaine. On est obligé de travailler ainsi avec tous les risques d’insécurité sur le parcours », se plaint un autre chauffeur.

Il est de notoriété publique que les propriétaires de camions font leurs modifications au Ghana.  Quelques ateliers seraient installés sur le sol burkinabè, mais nous n’avons pas pu vérifier cette information. La transformation au Ghana concerne le châssis qui est allongé et quelquefois un moteur, plus puissant, pour pouvoir traquer  la cargaison. Quid alors des papiers ?

Un agent des Douanes nous a confié que des fois, sur les papiers des camions qui passent, il y a un hiatus entre le chargement et les papiers du véhicule. Il arrive que sur les documents, on a affaire à un camion 10 tonnes, mais au moment de contrôler son contenu, vous avez  affaire à un véhicule de 20 ou 30 tonnes

Ces transformations de camions sont cependant règlementées. Selon le règlement 14 de l’Uemoa relatif à l’harmonisation des normes et des procédures du contrôle du gabarit, du poids, et de la charge à l’essieu des véhicules lourds de transport de marchandises , en son article 8 , alinéa d: « Tout véhicule déjà immatriculé dans un Etat membre, ayant subi des transformations notables est obligatoirement soumis à une nouvelle réception. Le propriétaire du véhicule doit demander cette nouvelle réception auprès des services du ministère en charge des transports ».

Cette réception se fait en accord avec le contrôle technique du CCVA, habilité à valider la conformité technique. Ce n’est pas souvent le cas.

Dans les locaux du Centre de contrôle des véhicules automobiles (CCVA), on en apprend un peu plus sur ce phénomène qui se traduit à travers la baisse des chiffres au niveau de la visite technique des camions (voir interview  et tableau en encadré). D’après les explications du directeur technique du CCVA, Idrissa Konda, il y a des véhicules qui ne se représentent plus à la  visite, parce que les propriétaires savent qu’ils ne seront pas conformes après les transformations  effectuées.

Pourtant, ces véhicules transformés circulent, surchargés et passent les différents contrôles routiers, souvent haut la main  Qui de l’ONASER, de la police ou de la gendarmerie doit traquer  ces pratiques anormales et les faux papiers en circulation des camions.

 

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