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Réinhumation de Thomas Sankara et de ses douze compagnons: c’est fait, mais…

• Un déni de sagesse

• Double peine pour les familles

• Eviter les incompréhensions inutiles

Quand bien même il avait l’étoffe d’un héros, Thomas Sankara ne s’est jamais considéré comme tel. Il a voulu en toute simplicité être utile aux autres. La cacophonie qui a toujours entouré les hommages que l’on a voulu lui rendre pourrait trouver explication au fait qu’il ne voulait pas de spectacle autour de sa personne. L’on se rappelle du tollé qu’avait suscité la première statue à son effigie au Conseil de l’Entente, en 2019. Aussitôt dévoilée, elle avait été rapidement voilée, parce que la statue était loin de refléter l’image du père de la Révolution d’août 83. Aujourd’hui encore, après un procès qui a permis de rendre justice à lui et à ses douze compagnons d’infortune, la polémique a enflé autour du lieu de leur réinhumation. La famille Sankara et bien d’autres ont désapprouvé le choix du Conseil de l’Entente comme lieu de sépulture. Ils ont publiquement manifesté leur refus d’être partie prenante d’une telle initiative si les autorités ne revenaient pas sur leur décision. Rien n’y fit. Thomas Sankara et ses compagnons d’infortune ont été réinhumés dans l’enceinte du Conseil de l’Entente, là où même un certain 15 octobre 1987, ils ont été lâchement abattus.

Quelles que soient les raisons dont peuvent se prévaloir les autorités pour réinhumer les restes de Thomas Sankara et ses douze compagnons, elles devraient tout de même avoir l’assentiment des familles. Fort heureusement, des représentants de la famille Sankara ont assisté à la cérémonie. Les ayants droit de Bamouni, qui souhaitaient un cercueil pour les restes de sa dépouille, ont eu finalement gain de cause, comme si à la dernière minute, les uns et les autres voulaient mettre fin à ces polémiques gênantes. Le père de la Révolution burkinabè a beau être considéré comme héros national, chantre du panafricanisme et défenseur des plus faibles, il demeure un fils, un frère, un époux, un père et un oncle pour ses proches. Ils ont plus que tout autre inconditionnel du Capitaine Sankara et ses compagnons d’infortune souffert de ce qui leur est arrivé tragiquement. C’est une grosse aberration que d’avoir méprisé la volonté de ces familles qui ont une sainte horreur du Conseil de l’Entente qui convoque, à leurs yeux, les pires souvenirs de leur vie. En toute logique, l’on aurait pu trouver un compromis autour du lieu de sépulture sans verser dans ce spectacle non dénué de calculs. Il est inconcevable, dans un contexte où invite est faite à tous les citoyens de se rassembler pour mieux endiguer le mal qui nous ronge, que l’on veuille d’un autre côté frustrer d’autres citoyens qui ont leur mot à dire sur le choix du lieu d’enterrement de leurs proches. Au-delà des familles, ils sont nombreux des Burkinabè silencieux qui fustigent cette décision unilatérale. Comme l’a fait remarquer l’enseignant-chercheur en littérature orale africaine, Pr Albert Ouédraogo, cette décision est une violation du « principe et de l’idéologie de Sankara qui n’a jamais voulu que l’on fasse du bling bling autour de sa personne. » « C’est vraiment dommage et regrettable ! Je trouve affligeant que pour l’inhumation des restes des suppliciés du 15 octobre, on en soit à se déchirer encore autour de leurs restes, alors que ça aurait dû être un moment de grande communion nationale. Et j’estime que les autorités ont manqué de sagesse, parce que, quoi qu’on dise, c’est d’abord une affaire d’une famille avant d’être une affaire d’une Nation. Etant donné qu’on n’a pas réussi à avoir l’assentiment de la famille, c’est de la politique, et c’est du spectacle », a-t-il déploré.

Mais qu’adviendra-t-il des obsèques nationales prévues le 15 octobre 2023 ?  Que faudra-t-il faire pour convaincre les familles à prendre part à ces funérailles qui doivent être un moment de communion nationale ? Les autorités avaient toute la latitude soit de poursuivre les concertations avec les familles, soit, comme l’a suggéré le Pr Ouédraogo, de laisser la réinhumation des restes des suppliciés du 15 octobre au prochain gouvernement démocratiquement élu. Le contexte est tellement préoccupant qu’il faut éviter de tomber dans les incompréhensions inutiles. La saignée que vient de subir nos Forces de défense et de sécurité au Sahel vient nous rappeler combien la guerre contre le terrorisme est un combat de longue haleine.

C’est un impératif que de savoir transcender les discordances et se concentrer sur la lutte contre le terrorisme qui endeuille notre peuple. Faisons en sorte que tous les esprits convergent dans le sens de la reconquête du territoire national aux mains de forces obscurantistes. C’est de notre cohésion et de notre capacité à nous unir dans un élan fraternel et patriotique que nous saurons sortir de ce brouillard d’incertitudes. Osons le pari du bon sens et de la lucidité, dénués de tout calcul égoïste pour qu’advienne l’aube de la quiétude et de la sérénité dans notre cher pays.

Jérôme HAYIMI

Encadré

Repos éternel enfin ?

Contre le vœu de la famille Sankara et de bien d’autres proches des suppliciés du 15 octobre 87, ils ont été réinhumés dans l’enceinte du Conseil de l’Entente où ils ont été sauvagement assassinés. En dépit des appels à trouver un consensus autour du lieu de sépulture, la cérémonie a eu lieu le 23 février 2023, entre autres, au nom du principe qu’ils sont martyrs de la Nation. Tous martyrs qu’ils soient, Thomas Sankara et ses douze compagnons d’infortune appartiennent avant tout à des familles qui ont plus que souffert que toute autre personne de leur disparition tragique. Ils reposent au Mémorial Thomas Sankara désormais, malgré toute la polémique sur leur dernière demeure.o

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RAF

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