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Production d’huile alimentaire: « D’ici fin mai, l’usine va s’arrêter par manque de matières premières », Yacouba Warma, SN Citec

• En cause, la baisse drastique de la production cotonnière

• Seulement 1/3 de la capacité de production disponible

• La prospection de matières premières alternatives en cours

La Société Nouvelle Huilerie et Savonnerie Citec, en abrégé SN Citec, filiale du Groupe GEOCOTON, est une société de droit privé burkinabè, elle est la première industrie du Burkina Faso opérant dans le secteur des oléagineux, à travers la production d’huile alimentaire, de tourteaux de coton et des aliments de bétail à base de graine de coton. Avec près de 30 années dans le domaine, la Société connait des difficultés pour satisfaire la demande. Rendant visite à la Rédaction de L’Economiste du Faso, à l’occasion des 10 ans du journal, Yacouba Warma, représentant de la SN Citec à Ouagadougou, a apporté des explications sur la situation.

L’Economiste du Faso : Dans ce contexte de difficultés tous azimuts, comment se vit la résilience à la SN Citec?

Yacouba Warma : La résilience, nous y étions déjà bien avant cette année. Vous savez que notre pays vit le pire moment de son histoire en termes de sécurisation et nous, en tant qu’industriel, nous sommes directement impactés. La SN Citec transforme essentiellement de la graine de coton qui est cultivée par les producteurs. Aujourd’hui, à cause de l’insécurité, beaucoup de cotonculteurs ont fui les champs pour la ville. Du coup, il y a une baisse drastique de la production cotonnière qui impacte en même temps notre activité. A titre d’exemple, pour cette année, nous n’avons eu qu’un engagement de la SOFITEX de nous approvisionner juste pour quarante mille (40 000) tonnes de coton graine et la campagne de collecte est en cours. Cela ne représente que 1/3 de la capacité de production de la SN Citec. Dans cette situation, il faut donc être résilient. Il nous faut alors réfléchir sur d’autres matières ou les oléagineux qu’on peut déjà essayer de triturer. Avec la crise de l’Ukraine et de la Russie, nous avons des difficultés d’approvisionnement, car la plupart des produits chimiques que nous importons pour la savonnerie proviennent exclusivement de ces pays-là. La situation nous impose également la prospection d’autres horizons de fournisseurs, sinon notre activité est négativement impactée. On ne peut plus encore être dans nos anciennes habitudes et tenir coûte que coûte à garder nos anciens fournisseurs. Il faut prospecter d’autres fournisseurs à même de nous accompagner.

Quels sont les résultats que vous avez déjà dans la prospection de matières premières alternatives ?

Nous sommes en train de prospecter les fournisseurs de soja, de l’arachide et du sésame. Malheureusement, ce sont des filières qui ne sont pas organisées. Aujourd’hui, si vous voulez, par exemple, mille tonnes de soja ou de sésame, vous allez faire le tour du pays sans résultats tangibles, car la collecte est difficile. Cela est un handicap pour l’industriel que nous sommes, parce que nous ne pouvons pas être sur tous les segments depuis la production jusqu’à la transformation. Il faut une organisation en amont des acteurs et nous, nous allons rester seulement au niveau de la transformation. Nous sommes en concertation avec quelques fournisseurs, surtout les vendeurs de céréales, afin qu’ils puissent nous aider à avoir le soja. Nous allons prendre un échantillon pour voir la teneur en huile pour ne pas triturer à perte. Si la teneur en huile n’est pas forte, nous ne pouvons pas nous engager. 

Notre usine a une capacité de production journalière de plus de 400 tonnes de graines. Avec la quantité actuelle de graine de coton à notre disposition, nous estimons que tout au plus d’ici fin mai, l’usine va s’arrêter par manque de matières premières. Cette situation va impacter le reste de l’année, les travailleurs, le marché de l’huile…. C’est donc toute une chaîne qui se retrouve affaiblie.

Vous venez de dire qu’il est difficile pour vous de vous installer sur toute la filière en tant qu’industriel. Au Burkina déjà, nous avons un exemple avec la SN SOSUCO qui dispose de vastes champs de canne à sucre et qui fait de la transformation en même temps. A défaut d’aller dans les champs, ne pouvez-vous pas aider à organiser les différentes filières ?

C’est vrai que comparaison n’est pas raison, mais il faut dire que le cas de la SN SOCUCO est un cas atypique. Elle n’intervient pas dans tout le territoire national, mais juste dans une province, un département, car sa matière première n’est pas cultivable un peu partout. Cette Société n’a donc pas de problème de collecte, parce que tout se retrouve concentré dans une seule zone.

Dans le cas d’espèce de l’arachide, elle est cultivable sur pratiquement tout le territoire national. Rien que la collecte va forcément nécessiter de la logistique pour l’acheminement jusqu’à l’usine qui est jusqu’à l’Ouest du pays. Au niveau des espèces variétales de la semence, nous avons déjà prospecté avec l’INERA qui a des variétés semencières qui ont de fortes teneurs en huile oscillant entre 45 à 50%. Mais ce sont des variétés expérimentales au niveau de l’INERA et il faut donc passer la phase de vulgarisation. Il faut donc l’implication de l’Etat dans la recherche, l’organisation des producteurs en coopératives avec des agents d’encadrement.

Il revient couteux pour un industriel d’organiser d’abord le monde paysan et de le mettre en coopératives.  Ce que nous nous pouvons faire, c’est de les appuyer avec le financement pour les aider à faire le travail. Au niveau de la filière coton, par exemple, l’Etat s’est impliqué pour d’abord organiser la filière coton et créer des groupements et ensuite des coopératives qui produisent. Dans ce cas, le financement ne se fait pas au niveau de l’individu mais à la coopérative. C’est au tour de la coopérative de veiller à ce qu’il y ait une caution solidaire entre les membres. Dans ce cas de figure, c’est toute la coopérative qui supporte les frais si un membre se retrouve défaillant. Cette organisation sécurise celui qui finance, parce qu’il y a la possibilité de poursuite judiciaire en cas de non-respect des termes du contrat.

A quel point cette tension sur les matières premières joue sur vos chiffres ?

Cette année, nous n’avons eu que 40 000 tonnes de graines de coton, qui représentent 1/3 de notre capacité. En extrapolant, nous n’aurons que 1/3 de chiffre d’affaires.

Si vous n’avez pas assez de graines de coton, cela va jouer également sur l’huile et les coproduits que nous avons comme le tourteau. La savonnerie est moins affectée parce que c’est une unité totalement indépendante, mais au niveau, par exemple des chaudières, nous prenons la coque de la graine que nous brûlons pour produire de l’énergie. Pour ce qui est du chiffre d’affaires de l’huilerie, naturellement, ça va impacter, il faut s’attendre pratiquement à 60% de recettes en moins que les années antérieures.o

La Rédaction

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RAF

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