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Omoa Group: au cœur de la chaîne de valeurs de la monétique

Dans un monde de plus en plus digital, les paiements électroniques s’imposent peu à peu dans nos habitudes. Mais pour que cette transition réussisse, il faut non seulement des équipements fiables, mais aussi des solutions adaptées et une vraie confiance dans le numérique. C’est tout l’enjeu des Journées nationales de la monétique, tenues à Ouagadougou, les 24 et 25 avril 2025. Et aussi l’objectif derrière la présence de Omoa Group- entreprise, qui couvre toute la chaîne de valeur de la monétique, des distributeurs automatiques aux logiciels, en passant par la maintenance, lors de ces journées à Ouagadougou.
Pour parler de ces défis de la digitalisation, Le Café de L’Economiste a reçu, le 25 avril dernier, Ibrahim Dosso, Directeur stratégique et commercial de Omoa Group, venu de Lomé. Il revient, dans cet entretien, sur le partenariat qui lie son Groupe aux banques nationales. Les questions de sécurité, de délai de livraison de cartes bancaires y sont aussi abordées. Lisez plutôt !

L’Economiste du Faso : Pour un Burkinabè qui vient de découvrir Omoa Group, que doit-il retenir ?
Ibrahim Dosso (Directeur stratégique et commercial Omoa Group) : Omoa est une société africaine pour les Africains, et qui a été construite par les Africains. Elle est présente dans 11 pays, en Afrique subsaharienne, dont la Côte d›Ivoire, le Togo, le Bénin, le Burkina, le Niger, pour l’Afrique de l’Ouest, et pour l’Afrique centrale, le Cameroun, le Tchad, le Congo-Brazzaville, la RDC, la Guinée équatoriale et la RCA. C’est donc une société multiculturelle, puisque dans chacun des pays que j’ai cités, nous avons une présence physique, à savoir une filiale à proprement parler. C’est le cas ici avec Omoa Burkina, dont les salariés sont du pays que nous accompagnons pour représenter, d’une part, la société, mais également les marques que nous représentons, puisque nous avons des partenariats technologiques que l’on porte sur l’ensemble de ces territoires. Donc je dirais que Omoa Group est une société qui a vocation à couvrir toute la chaîne de valeur de la monétique.

Quand vous dites chaîne de valeur de la monétique, pouvez-vous détailler ?
Quand on parle de chaîne de valeur de la monétique, c’est être en capacité d’accompagner les banques, les fintechs, les microfinances (SFD) à la mise en place de tout ce qu’on appelle la monétique, la digitalisation. Cela part de la fourniture des équipements, donc notamment, tout ce qui est GAB-DAB, TPE, à la fourniture des logiciels pour faire fonctionner ces équipements-là, à la maintenance de ces équipements, voire au pilotage de ces équipements-là, puisqu’on a un centre technologique qui est basé à Lomé, donc un centre de traitement monétique, un centre de processing, qui nous permet justement de pouvoir gérer tous ces équipements-là pour le compte, soit de banques, soit de microfinances, soit de fintechs. Donc c’est une activité qui est quand même assez large, et pour couronner le tout, à Omoa Group, nous avons la capacité de personnaliser les cartes bancaires que vous avez dans votre portefeuille.
Nous sommes certifiés Visa, Mastercard, Gim-UEMOA, et également GIMAC. Tout cela pour dire que nous sommes aujourd’hui un acteur unique, je dirai dans la sphère du digital, et donc un partenaire privilégié des institutions financières en Afrique.

Omoa Group était présente aux Journées nationales de la monétique au Burkina Faso, quels étaient les objectifs lors de ces journées ?
Notre présence au pays des Hommes intègres était de marquer notre partenariat, puisque c’est vraiment ce sens-là qu’on s’inscrit, avec les banques que nous accompagnons ici au Burkina. Sans me tromper, je crois savoir que nous travaillons avec toutes les banques présentes ici, soit sur la partie fourniture des GAB, la maintenance et les logiciels, soit sur les TPE. Donc l’idée première, c’était effectivement de marquer notre présence, pour accompagner les banques. Et le second élément aussi qui nous a poussés, c’est de nous faire connaître, parce que notre activité a beaucoup changé depuis 7 ans.
Initialement, Omoa Group était connu comme étant des fournisseurs de GAB. Depuis peu, nous avons décidé de mettre beaucoup plus l›accent sur la personnalisation de cartes bancaires, de traitements monétiques, de processing. Il était donc important pour nous de rencontrer nos clients et leur démontrer qu’en tant qu’un acteur local, nous sommes capables de faire ces opérations.

Durant ces journées, vous avez pu prendre le pool du paysage bancaire et financier du Burkina Faso. Alors, selon vous, quels sont les défis pour le Burkina Faso?
Selon moi, les défis, aujourd’hui, pour le Burkina Faso, sont de plusieurs ordres. Il y a d’abord des défis technologiques liés aux infrastructures, parce que sans infrastructures stables, vous aurez fait tous les investissements, mais vous ne pouvez pas, effectivement, les exploiter comme vous le souhaiteriez.
Ensuite, vous avez des défis purement technologiques qui sont propres à la stratégie de chaque banque. Plusieurs groupes bancaires présents au Burkina sont en train de devenir panafricains. Ils ont développé une technologie qui marche et il ne faut pas que cela s’arrête.
Pourquoi? Parce que, dans le monde de la technologie et de la digitalisation, il faut toujours continuer à investir, puisque la première vitrine que vous avez pour le consommateur, ce n’est pas l’agence physique, mais par le smartphone, via l’application mobile de la banque, et aussi la carte bancaire. Si votre carte bancaire, par exemple, n’est pas de bonne qualité, vous allez dire, ah, la carte n’est pas belle, ou bien vous utilisez la carte bancaire dans un guichet automatique, ça ne passe pas, vous allez dire, non, je ne veux plus aller dans ce guichet-là, je vais aller ailleurs, et si ça se répète, vous allez changer de banque. Voilà pour moi les défis. Et pour accompagner justement ces banques à la mise en place de ces stratégies-là, nous avons mis en place tout ce qu’on appelle chez nous l’accompagnement stratégique.
En gros, à Omoa Group, nous écoutons la banque, notre client et partenaire, et on lui apporte des solutions digitales.

A Omoa Group, comment comptez-vous transformer ces défis en opportunités d’affaires ? Avez-vous déjà des idées ?
Oui, nous avons des idées. On a d’ailleurs même une initiative qu’on a créée ici avec un partenaire local pour proposer des services innovants, à savoir toutes les activités liées à la monétique.
Donc, au niveau de Omoa Burkina, la logique, c’est de proposer des solutions pour accompagner les banques et autres institutions financières.

Avez-vous une politique liée à cette sécurité-là, quand vous approchez les banques et les microfinances et SFD ?
Le thème de la sécurité, pour moi, c’est un élément très différentiel sur le marché, parce qu’il y a beaucoup d’acteurs qui se disent fournisseurs de solutions, mais on n’a pas tous le même niveau ou la même appétence en termes de gestion de ces aspects sécuritaires. Pour nous, la sécurité et la protection des données sont au cœur de notre approche, très clairement, avec des standards internationaux.
Quand je parle de standard international, ça veut dire que nous avons effectivement tous les agréments de standards internationaux. On parle effectivement de PCI, c’est Payment Card Industry. Et dans le Payment Card Industry, c’est une norme internationale qui décline les standards à respecter pour protéger, par exemple, les données cartes. Nous sommes certifiés PCI DSS depuis plusieurs années et on renouvelle.
Dans PCI, vous avez tous les acteurs que j’ai cités, à savoir Visa, Master Card, American Express, GIM, UMOA également, le GIMAC et autres, on utilise tous le même standard. Donc, nos services, nos infrastructures répondent à ces standards-là qui ne sont pas faciles à obtenir.

En tant que fournisseur, pouvez-vous nous expliquer pourquoi souvent une carte bancaire Visa marche dans une banque X pour un retrait et marque échec dans une autre banque Y dans le même espace ?
En fait, dans la sécurité de la carte bancaire, il faut voir deux éléments. La première est que la carte bancaire est le moyen de paiement le plus sûr au monde. Pourquoi? Parce que la puce bancaire ne peut pas être falsifiée et on ne peut pas cloner une carte.
L’autre niveau de sécurité, c’est au niveau même des banques. Elles ont mis en place également des mécanismes de sécurité qui leur signalent toute tentative de fraude. Ces mécanismes de gestion et de lutte contre la fraude existent, et peuvent vous rassurer sur l’utilisation de ces moyens de paiement-là.
Donc quand vous faites une transaction dans un guichet et que ça ne passe pas, ce ne sont pas des problématiques de fraude. La plupart du temps, il s’agit de problème lié aux infrastructures, c’est-à-dire que le réseau est lent. Et pour éviter justement que les fraudeurs s’immiscent dedans, les transactions se font en millisecondes. Si en quelques millisecondes, les banques n’ont pas pu discuter entre elles, on coupe la transaction. Il s’agit donc souvent de mesures de précautions.

Toutes ces mesures de sécurité doivent coûter cher aux banques. Peut-on dire que c’est à cause de vous Omoa Group que les paiements digitaux sont chers dans vos banques?
Non, non, non. On va dire qu’on fait partie de l’équation. Même si on ne parle pas de notion de coût, mais de niveau de service apporté. C’est ça l’essentiel. Aujourd’hui, on demande aux banques de faire des investissements pour avoir des services disponibles 24-7.
C’est-à-dire tous les jours, à n’importe quelle heure, le service doit être disponible. Cela implique aussi des investissements. Il faut avoir des équipes qui sont là pour faire la supervision de tous les équipements. Donc ça, c’est un coût. Et ce coût, effectivement, se reflète quelque part dans les prestations que les banques proposent à leur clientèle. Nous, de notre côté, notre mission, c’est de proposer le service au bon moment au client. Soit en termes d’équipements, soit en termes de supports. Par exemple, lorsqu’on fait la maintenance des ATM. Et nous proposons systématiquement un service clé en main. C’est-à-dire que, quand on fait votre maintenance, on intègre tout ce qui est maintenance préventive.
Donc, on a des engagements de dire chez nous, en tout cas chez OMOA, une panne, lorsqu’on est par exemple à Ouagadougou, en deux heures de temps, on doit être en capacité de pouvoir mettre le GAB en ordre de marche. Et on a un taux de satisfaction clientèle qui est proche de 96-97%. Voilà, c’est ce qui fait de nous aujourd’hui, au Burkina Faso, leader sur le marché de tout ce qui est fourniture d’automate maintenance, avec plus de 60% de part de marché.

Combien coûte l’installation d’un GAB pour une banque?
Cela dépend. On ne va pas parler de prix, mais plutôt de type de configuration technique que contient un GAB. On prend une banque X qui nous contacte en disant je veux un GAB qui ne fait que du retrait. Généralement, c’est les petits modèles que vous voyez dans les banques. Ce type d’installation, avec peu de fonctionnalités, a un prix moyen, peu élevé par rapport à d’autres.
D’autres banques vont dire que nous voulons avoir un GAB qui est évolutif dans le temps. C’est-à-dire que nous allons commencer d’abord par le retrait et après, si nous voulons rajouter un service de dépôt, nous allons upgrader, donc rajouter un module supplémentaire pour pouvoir faire le dépôt en espèces ou dépôt chèque ou les deux. Là également, c’est un certain prix et vous comprendrez que c’est totalement différent du prix du tout petit. Par contre, il y a d’autres qui disent qu’elles veulent tout avoir immédiatement. En gros, nous avons trois niveaux de prix qui sont discutés avec nos clients et le prix varie en fonction du volume.

Une question de précision, sur la personnalisation des cartes. Dans notre conception, la carte, à partir du moment où elle est rattachée à un compte, elle est déjà personnalisée. Quelle est la touche particulière que vous apportez au niveau de Omao Groupe ?
Alors, d’abord, comment on se positionne dans cet écosystème de cartes bancaires ? Dans l’écosystème de cartes bancaires, vous avez plusieurs acteurs. On a d’abord celui qui va fabriquer la carte vierge, c’est-à-dire, celui qui va mettre la puce. Dans le monde, il y a 3 entreprises qui sont compétentes pour le faire. Ce sont les trois gros fabricants de corps de carte. On appelle ça les corps de carte. Donc, eux, ils vont juste fabriquer, mettre le visuel de la banque, l’image de la banque, la puce.
Une fois que ça c›est fait, c’est là que OMOA, maintenant, se positionne ; parce que nous, on reçoit ces éléments-là et on traduit le besoin de la banque pour ce qu’on appelle la personnalisation graphique. C’est là qu’on va mettre le numéro de la carte bancaire, le nom, prénom, la date de fin de validité et puis le cryptogramme visuel au dos de la carte. Et quand on intervient à ce niveau-là, on rajoute encore une couche de sécurité. C’est-à-dire que la carte, quand elle sort de chez nous, elle est à l’état bloqué. Tant que la banque qui nous a commandé la carte ne la reçoit pas et ne la débloque pas, elle ne peut pas fonctionner.
En termes d’innovation, ce que nous apportons, justement, c’est lorsque l’un de nos clients nous dit « mais moi, j’ai une clientèle VIP, quels sont les supports de carte que vous pouvez nous proposer ? » Nous, on va dire « Ok, votre clientèle VIP, c’est de quel type ? » Voilà.
Est-ce que c’est le président, des ministres ? Est-ce que ce sont des Directeurs généraux de banque ? Est-ce que ce sont des cadres ? Si ce sont des clientèles VIP+, on leur dit « voilà, si vous voulez vraiment démarquer cette clientèle-là, il y a deux manières d’agir. C’est d’abord la capacité de la carte. Combien de transactions je peux faire avec la carte ? » Ça, c’est purement technique et c’est géré par la banque. Ensuite, il y a la carte elle-même, le plastique. Vous voulez vraiment dire « Ok, vous êtes vraiment une clientèle VIP. Ok, on peut aller sur des cartes métalliques. » Ça, c’est la première innovation.
La seconde innovation, ça porte sur le biodégradable. On a des cartes biodégradables qui sont faites à base de maïs, de plastique recyclé ou à base de plastique microfibre qu’on retrouve dans la mer. Donc, on fabrique les cartes avec et qui se désagrègent au bout de 5 ans, 6 ans directement. Aujourd’hui, c’est ce que l’on propose davantage pour être justement éco-responsable dans notre activité. Et ça, c’est vraiment essentiel pour nous dans la partie innovation

Souvent, au niveau de la confection des cartes bancaires, le délai de livraison est long. Est-ce au niveau de la banque ou à votre niveau ?
C’est une très bonne question. Comme je le disais, en fait, on a des concurrents dans chacune des activités que nous avons.
Sur la partie cartes bancaires, les concurrents sont au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Maroc la majorité, et puis en Europe. Et avec eux, les banques se plaignent beaucoup des délais de livraison. C’est en ce sens qu’elles ont, pour certaines d’entre elles, décidé de faire les cartes dans leurs agences. En tout état de cause, je puis vous assurer qu’en ce qui nous concerne, les délais de livraison de nos cartes, c’est-à-dire entre la date à laquelle vous commandez la carte à la banque, et le moment où la banque envoie le fichier de personnalisation, en trois jours maximum, la carte est fabriquée et personnalisée chez nous. Et ensuite, c’est juste le délai d’envoi. Donc, en moyenne, on est aux alentours de cinq à dix jours maximum entre la date à laquelle vous avez passé la commande à la banque et la date à laquelle nous on livre la banque.
Ensuite, c’est le process interne de la banque.
Ce que je peux ajouter c’est qu’il y a plusieurs acteurs qui sont fournisseurs de solutions ou autres. Et l’enjeu pour nous, c’est de rester leader dans notre process qui inclut notions de sécurité, de protection des données, de service après-vente, etc.

Entretien réalisé par la Rédaction

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