
Dans le paysage hôtelier du Burkina Faso, on compte officiellement, depuis le 30 avril 2025, ZindNaaba Appart Hôtel. Un établissement haut de gamme qui allie les atouts d’un appartement privé à la qualité de service d’un hôtel moderne. Si cet établissement est connu du public comme un fleuron du Groupe EBOMAF, celle qui le dirige, Djamila Bonkoungou, n’en est pas la Directrice générale, parce qu’elle est simplement la fille de son père, Mahamoudou Bonkoungou. Son parcours universitaire lui a permis d’acquérir des bases certaines et les standards de l’hôtellerie. Djamila Bonkoungou est diplômée de la Luxury Hotel School à Paris, une école d’hôtellerie de luxe, et elle a aussi fait une spécialisation en marketing évènementiel. Plusieurs stages dans l’aviation à Paris, au port autonome de Dakar, dans le secteur bancaire, dans un cabinet d’Avocats… lui ont facilité l’acquisition d’expériences dans divers domaines. « Tout ça, ça me permet quand même d’y arriver, de me tenir réellement à la tête de la boîte », dit-elle.
Reçue au « Café de L’économiste », « la fille d’EBOMAF » comme l’appelle tout le monde à Ouaga, a saisi l’occasion pour présenter son projet et dévoiler son ambition pour le secteur de l’hôtellerie de son pays.

L’Economiste du Faso : Qu’est-ce qui a motivé la création d’un appart hôtel de luxe à Ouagadougou, une première dans le pays ?
Djamila Bonkoungou, DG de ZindNaaba Appart Hôtel : ZindNaaba existe depuis quelques années maintenant. Nous avons des hôtels à Dédougou, à Ouaga et à Lomé au Togo. Là, c’est un nouveau pas dans le luxe et ce qui nous a motivés, c’est réellement la volonté de répondre à une demande qui est réelle au Burkina Faso et pour cela, nous avons allié tout ce qui est confort d’un appartement privé avec les services d’un hôtel 5 étoiles. Dans une capitale régionale comme Ouagadougou, centre de décisions économiques et diplomatiques, nous avons constaté un besoin réel d’espaces de vie plus autonomes et spacieux, notamment, pour les séjours moyens et longs.
Le concept de l’appart hôtel de luxe, encore inédit au Burkina Faso, s’est donc imposé comme une évidence pour offrir un alternatif premium à la clientèle d’affaires, diplomatique et internationale. Ce standard nouveau permet également à notre pays d’être plus compétitif et de pouvoir mieux se positionner dans le secteur hôtelier sur le plan international.
À quel type de clientèle s›adresse principalement le ZindNaaba Appart Hôtel, expatriés, diplomates, hommes d’affaires, familles locales aisées ?
Notre offre s’adresse principalement à une clientèle d’affaires (cadres, consultants, dirigeants), aux membres du corps diplomatique, aux représentants d’organisations internationales, ainsi qu’aux familles recherchant un hébergement de standing. Nous accueillons aussi une clientèle locale ou régionale qui souhaite vivre une expérience hôtelière exclusive, que ce soit pour des séjours professionnels, personnels ou évènementiels.
Maintenant qu’on connaît un peu les types de clients auxquels vous vous adressez, peut-on savoir ce qui fait la différence entre la place des ZindNaaba et les autres hôtels ?
ZindNaaba se distingue d’abord sur le plan esthétique. On a travaillé avec des designers, des ingénieurs qui sont spécialisés dans l’hôtellerie de luxe pour avoir ce résultat-là. Le choix des matériaux, des couleurs, des pierres…, tout a été vraiment fait avec soin pour avoir des détails qui sont finis et très onctueux. On ne trouve encore pas ce produit-là sur place ici. On est leader sur le marché en termes d’appartements hôtels de luxe, qui permet d’offrir à chacun de nos invités un appartement privé, avec une totale autonomie.
Ensuite, il y a la qualité du service, parce qu’en hôtellerie, c’est la qualité du service qui permet de fidéliser la clientèle. On offre à chacun de nos invités réellement du confort, car nous les considérons comme des invités, pas comme des clients. Nos invités bénéficient d’une totale autonomie tout en ayant accès à une offre complète : restauration gastronomique, spa, salle de sport, piscines, conciergerie, etc. Nous avons mis un point d’honneur à allier modernité, confort et hospitalité burkinabè, pour offrir une expérience à la fois raffinée et enracinée.

au cours du « Café de L’Economiste ». (Ph: Yvan Sama)
On voit que tout ça, c’est vraiment bien pensé. Mais vous arrivez dans un contexte où le pays vit une crise sécuritaire, et certains pays n’avaient même pas hésité à déconseiller la destination Burkina à leurs ressortissants. Comment envisagez-vous la rentabilité d’un tel établissement dans ce contexte économique burkinabè ?
C’est vrai qu’en ce moment, le Burkina traverse une crise sécuritaire, mais des activités se déroulent normalement et le pays continue d’accueillir des hôtes malgré tout. La tenue de la dernière édition du FESPACO en est un exemple et d’autres manifestations de grande envergure ont suivi. C’est la preuve que c’est un pays où il est toujours possible d’investir et l’exécution de notre projet révèle également notre patriotisme, notre engagement envers le pays. Nous avons fait le pari d’un positionnement haut de gamme, parce que nous croyons au potentiel du Burkina Faso et à la stabilité de certains segments économiques, notamment, la diplomatie, les organisations internationales et les grandes entreprises.
Notre stratégie repose sur la qualité, la fidélisation de notre clientèle et des partenariats solides. Nous misons principalement sur les contrats que nous signons avec certaines entités, car il y a des tarifs préférentiels pour les corporates, avec les entreprises, les Ambassades, les institutions, etc.
Mais au-delà de ça, nous travaillons également à fidéliser la clientèle parce que c’est cette fidélisation-là qui va nous permettre réellement, en plus des partenariats solides, de pouvoir rentabiliser cet investissement-là.
Peut-on avoir une idée de la capacité d’accueil et des tarifs ? Quels sont les tarifs affichés?
L’établissement comprend 33 appartements répartis en trois catégories. Selon l’occupation, il peut accueillir entre 56 et 107 personnes, hors lits bébés. Cette flexibilité d’accueil permet de recevoir aussi bien des voyageurs seuls que des familles entières ou des délégations professionnelles.
En termes de répartition, nous avons 15 appartements confort faits d’une chambre et un salon, 13 appartements privilégiés composés chacun de deux chambres et d’un salon et 5 appartements prestige faits de trois chambres et d’un salon par appartement.
Tous ces appartements sont dotés de cuisine, de buanderie, etc., pour vraiment permettre à chacun de nos invités d’avoir une totale autonomie.
Le petit déjeuner, la piscine, la salle de sport…, tous nos services sont compris dans la chambre, excepté le sport.
Nous avons les tarifs affichés qui vont de 175.000 à 295.000 FCFA, d’une part, et d’autre part, nous avons des tarifs préférentiels pour les corporates, les Ambassades, etc. Et selon la demande, nous pouvons envisager d’autres possibilités de tarification.
Il est quand même important de rappeler que nous sommes sur des prix d’appel. Nous vous invitons donc réellement, toutes les personnes qui seront intéressées, à nous rendre visite.
Le luxe coûte cher en entretien. Au niveau de votre institution, avez-vous, par exemple, des initiatives que vous allez mettre en place pour pouvoir préserver les standards de luxe et des standards d’emploi ?
La formation de notre personnel est au cœur de notre démarche qualité. Avant l’ouverture, nous avons mis en place plusieurs cycles de formation avec des experts en hôtellerie de luxe, incluant des formateurs locaux, internationaux et régionaux. Ces sessions portent sur l’accueil, les protocoles de service, la gastronomie, la gestion hôtelière et l’attention aux détails. La formation continue est également intégrée à notre fonctionnement pour maintenir l’excellence au quotidien.
Quand on dit luxe, surtout côté restauration, on ne voit pas trop les produits locaux. A votre niveau, avez-vous réussi à inclure les produits locaux dans votre ordre de luxe ?
Oui, nous l’avons fait. Nous travaillons avec des fournisseurs soigneusement sélectionnés, tant sur le plan local qu’international, pour garantir la fraîcheur, la sécurité et la qualité des produits. Côté restauration, nous avons recruté des chefs expérimentés qui proposent une cuisine créative, mêlant saveurs africaines et internationales. C’est vrai que quand on entend luxe, ça renvoie à l’Occident, mais c’est pour ça que nous voulons révolutionner et prouver que l’hôtellerie de luxe peut se faire en Afrique, dans la sous-région.
La gérance de nos différents hôtels, le management de nos différents hôtels sont prioritairement accordés à des Africains. C’est très important, nous pouvons le faire et nous allons le faire. Au sein de ZindNaaba Appart, nous avons un restaurant qui présente une cuisine fusion et nous travaillons réellement avec des produits locaux. C’est vrai qu’on travaille avec des produits qui sont importés, mais nous priorisons réellement la consommation locale.
Le second, c’est le Portofino, c’est un restaurant gastronomique qui propose une cuisine fusion, principalement italienne, mais typiquement avec des produits locaux. On a un plat, par exemple, qu’on appelle le « Filetto », en italien ; il est fait avec des produits totalement localisés ou encore le « Risotto Babenda ». On a différents hôtels avec beaucoup de restaurants et nous avons des cuisines des quatre coins du monde, mais il manquait l’Italie, alors que la cuisine italienne est fortement appréciée aussi.
Vous venez de souligner un apport au niveau local pour les produits de la restauration. Mais au-delà de cet apport, de façon plus globale, qu’est-ce que ZindNaaba apporte en termes d’emploi et de développement au Burkina ?
La majeure partie de notre personnel a été recrutée localement. Des sélections ont été faites vraiment en plusieurs étapes. Nous avons recruté et retenu des candidats qui répondaient et qui collaient parfaitement avec notre image de marque. Le fait d’avoir recruté autant de jeunes, en tout cas Burkinabè, permet même au Burkina d’accroître son économie locale et de promouvoir également le savoir-faire burkinabè. Nous travaillons également avec des artisans, producteurs et prestataires locaux dans une logique de valorisation du savoir-faire burkinabè. L’impact social de nos projets est une priorité, et nous sommes convaincus qu’une hôtellerie de luxe peut être un levier pour l’économie locale.
A l’inauguration officielle le 30 avril 2025, on a remarqué que presque tous les acteurs du secteur hôtelier étaient à vos côtés. L’hôtellerie vue de l’extérieur apparait comme un secteur où la concurrence est rude. Voir donc autant de monde à votre cérémonie peut faire rabattre les cartes. Y a-t-il une rude concurrence entre les acteurs ou elle est juste une impression ?
La concurrence est saine. C’est l’occasion pour moi de remercier toutes ces personnes-là, tous ces acteurs hôteliers, du secteur hôtelier qui ont effectué le déplacement, qui sont venus soutenir un groupe, une chaîne jeune. Cela prouve réellement que nous sommes des concurrents sur le marché, certes, mais que nous sommes tous pour l’évolution, pour la révolution même du secteur hôtelier au Burkina Faso. Notre vision à tous, c’est de développer l’économie et le secteur touristique au Burkina Faso.
C’est vrai que vous venez d’arriver avec une nouvelle vision de l’hôtellerie que vous êtes en train de dérouler, mais à long terme, comment vous voyez le projet que vous avez lancé ?
Notre ambition est de faire de ZindNaaba une référence du luxe africain, à la fois moderne, enraciné et exigeant. Nous voulons prouver qu’il est possible de proposer une hôtellerie de très haut niveau en Afrique de l’Ouest, portée par des acteurs du continent, avec des standards internationaux mais une âme locale. Nous souhaitons continuer à nous développer dans la sous-région, tout en restant fidèles à notre mission : offrir une hospitalité d’exception, dans le respect des valeurs humaines qui fondent notre histoire familiale.
Entretien réalisé par la Rédaction
Encadré
De ZindNaaba
ZindNaaba signifie « Chef des légumes » ou « Chef des sauces » en langue Mooré. C’était le surnom de Mamoudou Bonkoungou (1893–1983), homme respecté à Dédougou pour son hospitalité, sa générosité, son accueil et ses valeurs humaines profondes. Il était également l’un des pionniers de la culture maraîchère dans la région, ce qui lui valut ce surnom évocateur. En hommage à cet héritage, son fils Mahamoudou Bonkoungou, entrepreneur africain de renom et figure emblématique du succès continental, a choisi de donner ce nom aux établissements hôteliers du Groupe, afin de perpétuer les valeurs d’hospitalité, de dignité et de respect qui ont toujours marqué sa famille.
Le ZindNaaba Appart Hôtel, comme les autres adresses du Groupe, porte cette mémoire et cet esprit d’ouverture, dans un cadre de modernité et d’excellence.