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Tarifs douaniers imposés par les USA sur les pays de l’UEMOA: la balance commerciale de l’Union s’améliorerait, selon la BCEAO

• Qui table sur un cours du pétrole plus faible

• Aucune surtaxe imposée au Burkina Faso

Quelles seraient les implications des tarifs douaniers imposés par les USA sur la zone Uemoa ? Selon la BCEAO, dans son rapport sur la politique monétaire dans l’UMOA, publié le 13 juin 2025, l’impact sera amoindri pour l’Union. Pour en arriver à cette conclusion, la Banque centrale a fait le point des échanges entre l’Uemoa et les Etats-Unis.
Point sur les échanges entre l’UEMOA et les Etats-Unis
Les exportations de l’UEMOA vers les Etats-Unis représentent 4,2% du total des exportations et 0,6% du PIB sur la période 2019-2023, concentrées à 79,5% en Côte d’Ivoire (4,5% du PIB), 12,5% au Sénégal (1,8% du PIB) et moins de 3% pour chacun des autres Etats membres (moins de 0,4% de leur PIB).
A retenir que les variations des tarifs réciproques appliqués sont de 10%, à l’exception de la Côte d’Ivoire qui s’est vue appliquer une surtaxe de 21% sur ses exportations vers les Etats-Unis. « Aucune surtaxe n’est cependant appliquée au Burkina», souligne la BCEAO.
Deux principaux canaux de transmission peuvent être identifiés pour analyser les effets des relèvements des tarifs douaniers des Etats-Unis sur les économies de l’UEMOA. Le premier canal (Canal “direct”) renvoie à un impact négatif immédiat sur les exportations des pays de l’UEMOA vers les Etats-Unis, en raison d’une baisse attendue de la demande américaine pour les produits en provenance de la zone.
« En supposant qu’aucune mesure de riposte n’est prise par les Etats membres de l’UEMOA, la hausse des tarifs douaniers se traduirait par une hausse des prix des produits exportés par les pays de l’Union sur le marché américain », prévient la Banque centrale. Ainsi, la mise en œuvre effective des tarifs douaniers induirait une baisse des exportations comprise entre 79,1 milliards et 169,7 milliards en 2025 (0,05% à 0,1% du PIB) et l’ampleur du manque à gagner se situerait entre 84,9 milliards et 193,6 milliards en 2026 (0,06% à 0,13% du PIB).
Le deuxième canal (Canal “indirect”) relève d’un impact plus diffus, lié aux tensions commerciales mondiales. À court terme, un réacheminement des exportations chinoises des États-Unis vers les pays africains, notamment ceux de l’UEMOA, pourrait exercer une pression concurrentielle sur l’industrie locale et en fragiliser certains segments.
Cependant, cet impact serait limité du fait, notamment, de la capacité d’absorption réduite des Etats de l’UEMOA et de la structure de la demande différente de celle des Etats-Unis.
Par ailleurs, l’intensification des guerres commerciales entraînerait un ralentissement du commerce international, avec pour effets un repli de la demande globale de matières premières, une baisse des cours internationaux de ces produits et un recul des investissements directs étrangers (IDE). La baisse projetée des cours des matières premières réduirait la valeur des exportations de l’Union d’environ 1.400 milliards FCFA en 2025, tandis que la chute plus marquée que prévu des prix du pétrole, dont l’UEMOA est importatrice nette, générerait un gain d’environ 1.500 milliards FCFA sur la même période. En 2026, la perte serait de 990 milliards, contre un gain d’environ 1.500 milliards également lié à la baisse des prix du pétrole.
«  Au total, en combinant les deux effets, la balance commerciale de l’Union s’améliorerait de 160 milliards FCFA en 2025 et de 382 milliards FCFA en 2026 par rapport aux prévisions initiales, en lien essentiellement avec l’impact positif qu’induirait un cours du pétrole plus faible », conclut l’évaluation de la BCEAO.
ESS

Encadré

Bref historique sur les tarifs douaniers imposés

Les pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) bénéficiaient d’un accès préférentiel au marché américain, à travers la loi AGOA (African Growth and Opportunity Act), instaurée en 2000. Ce dispositif leur a permis d’exporter une diversité de produits – cacao, coton, fruits tropicaux, textiles – sans droits de douane ni quotas, sous réserve du respect de certains critères politiques et économiques.
Cependant, ce cadre a été mis à rude épreuve à partir de 2018, avec la montée du protectionnisme américain sous l’administration Trump. Si l’Afrique avait été relativement épargnée lors de la première vague de surtaxes mondiales, le retour de cette politique en 2025 marque un tournant : plusieurs produits stratégiques africains, notamment, en provenance de la Côte d’Ivoire et d’autres pays de l’UEMOA, sont désormais ciblés par des droits de douane pouvant atteindre 21 %, dans une logique de «tarifs réciproques». Une décision qui pourrait fragiliser les économies ouest-africaines déjà confrontées à de nombreux chocs externes.
A noter que ces nouveaux tarifs, qui devaient pour la plupart entrer en vigueur le 5 avril 2025, ont été suspendus le 9 avril pour une période de 90 jours, excepté pour la Chine.

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