Société-Culture

Journée internationale contre l’excision : La pratique a la peau dure

 

Chaque année, le monde célèbre le 6 février la Journée internationale de la lutte contre la pratique de l’excision. 28 pays en Afrique pratiquent l’excision sous sa forme la plus répandue, l’ablation du clitoris et des petites lèvres. Au Burkina Faso, le type 1 et le Type 2 de l’excision sont les plus pratiqués. Ils consistent en l’ablation du clitoris ou l’ablation du clitoris et des petites lèvres.
L’excision du type 3, c’est-à-dire l’ablation du clitoris, des petites et des grandes lèvres est pour la plupart du temps accidentelle. Plusieurs organisations internationales ont condamné l’excision en tant que violation des droits de la personne humaine, des droits de l’enfant et du droit à la santé et à l’intégrité physique. Le Burkina Faso, en adhérant à ces différentes conventions, a fait de la lutte contre l’excision une de ses priorités. Le taux d’excision des femmes dont l’âge varie entre 15 et 49 ans est de 76% et 13% pour les filles entre 0 et 14 ans. Selon un rapport de l’USAID, l’excision touche au Burkina presque toutes les ethnies sur l’ensemble du territoire.
L’évolution de cette pratique est en dents de scie. Tandis que les pourcentages des femmes excisées de 15 à 49 ans dans les régions du Sahel, du Centre-Est et des Cascades sont respectivement de 78%, 90% et de 82%, ceux du Centre et du Centre-Ouest varient entre 66% et 55%, selon le SP/CNLPE.
En 2010, une enquête démontrait que le taux de prévalence des femmes excisées est fort au Nord, dans le Plateau central et au Sahel, avec respectivement 63,08%, 62,63% et 57,34%. Ce taux est plutôt faible dans les provinces du Boulkiemdé (16,52%), de la Tapoa (17,53%) et du Sanguié (18,49%).
Malgré les nombreuses campagnes de sensibilisation, l’excision reste une réalité encore ancrée dans certaines mœurs. En 2013, 168 filles ont été excisées dont 2 décès. L’excision comporte de graves conséquences physiques et psychiques chez les femmes. Elle est très douloureuse, car se faisant sans anesthésie. De plus, elle est faite dans des conditions d’hygiène précaires, ce qui favorise les infections et la prolifération de la transmission du virus du sida.
Depuis la création du Comité national de lutte contre la pratique de l’excision, actuel SP/CNLPE, en 1990, le taux de prévalence de l’excision a considérablement diminué. Son objectif est de sensibiliser, communiquer, sanctionner et dissuader les personnes qui pratiquent l’excision et réparer les séquelles de l’excision. La pratique perdure, car l’excision se fait de plus en plus sur les filles de 0 à 5 ans. Etant donné que le Burkina Faso réprime les cas d’excision, les parents se déportent dans les pays comme le Mali et le Niger où il n’existe aucune loi répressive.
Les difficultés sont nombreuses dans la lutte contre l’excision. Le problème majeur est le manque de fonds pour les différentes campagnes de sensibilisation et les nombreuses associations sur le terrain qui ne sont pas toujours rattachées au secrétariat permanent. Chaque année, l’Etat apporte une contribution de 80 millions de F CFA à la lutte contre l’excision. Le budget de 2014 est passé à 100 millions de F CFA. Les Partenaires techniques et financiers apportent également leur contribution sous forme de dons aux différentes associations. L’une des insuffisances relevées dans la répression de la pratique est le fait que les sanctions ne sont pas dissuasives pour les auteurs et les complices. En général, ils sont condamnés à 6 mois de prison avec sursis, ce qui leur donne le champ libre pour continuer leurs activités sans être inquiétés, relèvent les militantes anti-excision. En 2013, 6 exciseuses et 33 complices ont été condamnés.
Selon les références du bureau de Washington en 2010, le taux de prévalence des femmes excisées au niveau des pays de l’UEMOA se situe à 12,9% au Bénin, 36,4% en Côte d’Ivoire, 2,2% au Niger, 5,8% au Togo, le Mali a le taux le plus élevé avec 85,2%, le Sénégal compte 28,2% de femmes excisées, la Guinée Bissau 44,5%.

Germaine BIRBA


Les garants de la tradition dans la lutte

Le dernier rapport de l’Unicef cite le Burkina Faso comme étant l’un des pays où l’excision a le plus reculé. Cependant, la lutte contre l’excision se heurte encore aux us et croyances.
Afin de la rendre plus efficace, les chefs coutumiers, garants de la tradition, se sont engagés auprès des autorités pour la lutte contre le phénomène. Grâce à leur contribution, de nombreuses campagnes de sensibilisation ont eu écho favorable. Toutefois, beaucoup résistent et adoptent de nouvelles tactiques: l’exode de l’excision. Les parents envoient les enfants dans les pays comme le Mali ou le Niger où la pratique de l’excision n’est pas condamnée pour les exciser.

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