Du 23 au 27 mai dernier s’est tenu à Ouagadougou un atelier organisé par le programme Micro-assurance santé et mutuelle de santé (MASMUT), une plateforme belge. L’atelier a concerné la mise en place d’une réglementation de mutualité sociale au sein de l’espace UEMOA et le rôle des mutuelles de santé dans la gestion de l’assurance maladie universelle.
Cet atelier fait suite à des ateliers nationaux sur l’application des mutuelles sociales, avec les stratégies nationales de couverture maladie universelle dans les pays que sont le Bénin, le Togo, le Mali, le Sénégal et le Burkina Faso. L’objectif était de faire avec les plateformes pays le point sur le niveau de mise en application de la réglementation sur la mutualité sociale au sein de l’espace UEMOA; connaitre les orientations des pays pour l’implication des mutuelles de santé dans la gestion de l’Assurance maladie; identifier les types d’accompagnements; approfondir les réflexions sur la structuration du mouvement mutualiste sous-régional; préparer et réaliser une action de plaidoyer.
Le ministre de la Fonction publique, Clément Sawadogo, présent à la cérémonie, s’est dit heureux de la bonne marche des travaux qui pourraient accompagner le processus de mise en place de l’Assurance maladie universelle (AMU) au Burkina Faso. «Nous travaillons à la mise en place de l’AMU. D’ici fin 2016, nous devrions avoir réuni l’essentiel des prérequis qui permettent sa mise en place. A l’échelle de l’UEMOA, une dynamique se développe pour faire en sorte qu’il y ait une harmonisation de toutes nos initiatives et expertises en matière d’assurance maladie dans nos pays. La commission de l’UEMOA travaille beaucoup dans ce sens. Le dispositif prévoit qu’il y ait des institutions qui animent l’AMU, mais aussi que les mutuelles sociales créées au sein des populations puissent être des intermédiaires actifs entre les institutions de l’AMU et les bénéficiaires. Cette articulation est nécessaire. Et nous sommes ravis de cet atelier qui nous aidera à asseoir un système national capable de prendre en charge l’Assurance maladie dans chacun de nos pays». La Belgique, aux côtés des pays de l’UEMOA, partage avec eux son expérience avec la MASMUT qui est une action concertée entre les mutualités belges, les ONG et des partenaires au Sud sur des plateformes nationales dans des pays qui ont été sélectionnés. Le projet a une durée de 2 ans et demi durant laquelle la MASMUT devrait soutenir les mutualités sociales et les aider dans leur mise en place.
Le 5 septembre 2015, le Conseil national de la transition a voté le projet de loi portant Régime d’assurance maladie universelle au Burkina Faso, en abrégé RAMU-BF. Ce projet de loi vise à mettre en place un cadre juridique nécessaire à l’opérationnalisation de l’assurance maladie, à étendre la protection sociale et à favoriser l’accès des populations aux soins de santé. Un des scénarii évoqués prévoyait le lancement en fin 2016. L’AMU devrait d’abord concerner directement environ 10% de la population constitués de travailleurs du secteur public et du secteur privé. Puis en 2020, l’AMU touchera 40% de la population en s’élargissant aux travailleurs des secteurs informel et agricole. Enfin, à l’horizon 2025, la couverture des citoyens sans emploi et les indigents permettra réaliser 100% de couverture.
Au Burkina, la mise en œuvre de l’AMU prévoit fortement de s’appuyer sur la structure et l’expérience des mutuelles de santé. Système de solidarité et de prise en charge sociale, notamment sanitaire, les mutuelles ont été développées dans plusieurs entreprises et services: les impôts, l’armée, la douane, l’Onatel, la Sonabel…Même si toutes n’ont pas le succès escompté, le principe reste noble et certaines comme la Mutuelle des forces armées nationales (MUFAN) ont fait leurs preuves.
L’AMU souhaite prioritairement couvrir les mutualistes. C’est plus pratique. Le processus prévoit l’adoption d’une loi sur les mutuelles de santé. Le but est d’encourager la création des mutuelles dans tous les secteurs, mais aussi d’améliorer leur fonctionnement en corrigeant les lacunes.
Germaine BIRBA
L’Assurance maladie universelle (AMU) pour bientôt
A l’instar de 14 autres pays africains membres de la Conférence interafricaine de la prévoyance sociale (CIPRES), le Burkina Faso s’apprête à instituer l’Assurance maladie universelle (AMU). Selon les prévisions, c’est en 2016 que le système devrait être appliqué pour la première fois.
Mais avant cela, il faudra déterminer le cadre pour sa mise en œuvre et définir les différentes étapes de l’opérationnalisation. Comme le Gabon, la Côte d’Ivoire ou le Mali, le Burkina pourra dès 2016 se targuer d’être parmi les pays qui ont adopté l’AMU. Mais à l’image de ces pays, le plus difficile sera de l’étendre au maximum de la population, trouver les différentes formules de cotisations et de remboursements et surtout définir le panier de soins qui s’adaptent aux attentes réelles. o